The Grey Man's Parade dénonce sans détour l'impérialisme américain. © Courtesy Templon Paris - Bruxelles

Ed & Nancy Kienholz

En juin 2018, Luc Tuymans rappelait le couple Kienholz au bon souvenir des amateurs d’art. A l’occasion de l’exposition « Sanguine/Bloedrood » présentée au M HKA, à Anvers, le peintre belge livrait sa vision du baroque. Le clou du spectacle? Five Car Stud, une oeuvre culte cosignée d’Edward Kienholz (1927 – 1994) et Nancy Reddin Kienholz (1943 – 2019), une révolution en soi rompant avec les usages d’une époque invariablement conjuguée au masculin. Véritable « tableau vivant » tridimensionnel originellement exposé à la mythique Documenta 5, en 1972, cette installation faisait revivre le lynchage d’un Afro-Américain soumis à la brutalité de cinq Blancs passablement éméchés. Aux oublieux et aux néophytes, le spectacle insoutenable dévoilait des horizons refoulés du pop art, suggérant par la bande que celui-ci n’était pas seulement une ode au consumérisme étatsunien.

Représentant exclusif de l’oeuvre du tandem pour l’Europe, la galerie Templon consacre, pour la première fois à Bruxelles, une exposition dédiée à deux figures historiques qui se sont rencontrées en 1972 et ont élaboré une pratique sculpturale d’un genre nouveau. « Ed & Nancy Kienholz » donne à voir une série de compositions réalisées entre 1978 et 1994. Parmi les installations présentées, on pointe The Pool Hall (1993) et The Rhinestone Beaver Peep Show (1980), deux pièces emblématiques qui s’arrêtent de manière avant-gardiste sur la question de l’exploitation des femmes et la marchandisation des corps. Mais c’est sans doute The Grey Man’s Parade (1987) qui, en raison de son traitement frontal de la thématique d’un pays impérialiste n’ayant pas hésité, au moment de la guerre de Corée, à se servir de la jeunesse comme chair à canon, marque le plus.

A la galerie Templon, à Bruxelles, du 13 janvier au 26 février.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire