Un ex-phare du patrimoine aclot réhabilité. © fernand letist

Nivelles: Duvieusart, de la brasserie aux apparts

Le Vif

Pour profiter de la pression immobilière tout en la contrôlant, Nivelles pose ses conditions aux promoteurs. Construire des logements sur les anciens sites industriels après les avoir assainis. Avant que cela ne devienne la règle, le site de l’ex-Brasserie Duvieusart transformé en résidences avait déjà suivi cette voie.

Nivelles a un passé industriel conséquent et en garde des vestiges parfois encombrants. Et pollués. Que ce soit les ateliers de construction de wagons de chemins de fer La Brugeoise, le site de l’ancienne papeterie Arjo Wiggins, celui des Ateliers métallurgiques Chantrenne, ou le site de l’ex-brasserie Duvieusart, mère de la mythique bière locale L’Archiduc, tous ont été durant des années les points noirs mouchetant le visage d’une Nivelles tournée vers l’avenir. Aujourd’hui, tous ces chancres tendent à disparaître grâce à la philosophie imposée par la ville en réponse à la pression démographique nécessitant des nouveaux logements et aux promoteurs désireux de les construire.

 » Notre philosophie tient en une phrase « , résume le bourgmestre :  » Promoteurs, vous pouvez investir sur le territoire de Nivelles mais uniquement sur des sites économiques désaffectés après avoir pris en charge leur assainissement et leur démolition/rénovation. Pas question d’utiliser les réserves foncières autres que celles-là. Dans ce sens, la nouvelle déclaration de politique communale stipule clairement que les zones d’aménagement communales concertées (ZAC) sont gelées pour éviter l’extension de la ville.  »

De cette logique découleront dans un proche avenir les 1 250 logements du complexe du Val de Thines ou le parc de 210 logements Immobel de l’Ilot St-Roch. Plus modeste, l’ensemble de 60 appartements des Résidences Duvieusart se termine au sud de Nivelles sous la houlette de la société Sotraba. Ce chantier emblématique a essuyé les plâtres de la nouvelle logique avant même qu’elle soit coulée dans le béton de la politique urbanistique actuelle. La brasserie Duvieusart a été un phare du patrimoine aclot jusqu’à ce que ses installations soient ravagées par un incendie en 1955. S’ensuivra plus d’un demi-siècle d’abandon du site dont n’a survécu que le haut et fier bâtiment principal de la brasserie.

Pour être en harmonie avec la morphologie de la brasserie, les nouvelles façades ont des reliefs bombés façon cuves.
Pour être en harmonie avec la morphologie de la brasserie, les nouvelles façades ont des reliefs bombés façon cuves.© hatim kaghat

Les règles du Monopoly

Racheté en 1988, ce n’est que 30 ans plus tard que le site renaît en complexe d’appartements composés de deux corps de logis répartis de part et d’autre d’une nouvelle rue baptisée  » de l’Archiduc « , du nom de la bière vedette de Nivelles. Bruno Mernier, directeur de l’entreprise de construction Sotraba nous fait la visite.

A gauche de la rue, le bâtiment originel rescapé a profité d’une solide et minutieuse rénovation qui lui a préservé toutes ses formes et sa structure. La haute bâtisse abritait les quatre cuves de fermentation au rez-de-chaussée surmontées des immenses silos d’orge et autres ingrédients nécessaires à la fabrication, et qui montaient jusqu’au toit.

 » Dans ces silos verticaux, on a retrouvé des masses colossales de ferraillages. Sachant qu’on devait garder l’enveloppe, la structure porteuse et les formes caractéristiques du bâtiment d’origine, on a dû travailler à la petite cuiller pour retirer ces tonnes de métaux et démolir minutieusement ce qui devait l’être. Cela a pesé sur le timing des travaux « , explique notre guide. Aujourd’hui, le bâtiment est étagé en six spacieux appartements avec, au sommet, un luxueux triplex avec vue imprenable sur Nivelles.

Côté droit de la nouvelle rue, en l’absence de bâtis d’origine effacés par les années, Sotraba a tout construit à 100 %. Mais pour être en harmonie avec la morphologie de la brasserie, référent urbanistique, les nouvelles façades ont des reliefs bombés façon cuves. Des 53 appartements, seize sont déjà habités et 80 % de l’ensemble ont déjà été vendus. Deux commerces et une crèche complèteront l’ensemble. Oui, une crèche. Car en plus de tout réhabiliter, chaque promoteur doit s’acquitter de charges d’urbanisme dont la nature est fixée par la commune en fonction des besoins de la communauté environnante.

Par Fernand Letist.

Moduler l’espace public selon les besoins

Dans  » mobilier « , il y a  » mobile « . Rien donc de plus naturel à pouvoir le bouger. Pourtant, c’est rarement le cas quand les éléments de mobilier sont urbains, en extérieur, bien coulés dans le béton public. Bancs, parking et bornes de recharge pour vélos, poubelles, éléments de jeux pour enfants, etc. De sa fenêtre de l’hôtel de ville, Pierre Huart voit désormais d’un autre oeil l’aménagement de l’espace public tel que celui de sa Grand-Place.

 » Notre projet déposé et retenu dans le cadre de l’initiative du gouvernement wallon ‘Territoires intelligents’ fait le pari de rendre les espaces modulables, convertibles grâce à des éléments de mobiliers urbains amovibles « , décrit le grand manitou de l’aménagement aclot. Notre idée est que, en fonction des activités communales à organiser dans l’espace public, une partie du mobilier puisse être déplacé, rangé, replacé, augmenté, réduit… A certains endroits, ces éléments de mobilier pourraient être clipsés ou déclipsés grâce à des gros systèmes de plug. Lors d’activités festives ou maraichères, la Grand-Place pourra être reconfigurée en fonction de l’activité. On pourrait augmenter par exemple le nombre de poubelles, de prises de recharge pour vélos électriques, diminuer le nombre de bancs…  »

Cette nouvelle approche façon Lego nécessiterait d’adapter la voirie aux équipements en pratiquant des carottages à certains endroits. Reste à déterminer les points d’ancrage les plus judicieux pour répondre au mieux à toutes les configurations utiles sur une zone bien précise. D’autant que les points d’ancrage devront être  » intelligents  » car les mobiliers nomades seraient des objets connectés dotés de circuits numériques intégrés. La personne en visite à Nivelles pourrait par exemple savoir facilement via une appli où trouver une borne de recharge électrique libre.

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