« Du show pour se profiler en bons démocrates. »

Défenseur de figures de l’extrême droite et de l’islamisme violent, l’avocat Sébastien Courtoy estime la proposition de loi superflue. Suffisamment d’outils existent déjà.

Quelle réaction vous inspire la proposition de loi permettant d’interdire les organisations incitant à la discrimination, à la haine, à la violence?

Il y a un principe inscrit dans la Constitution: la légalité de l’incrimination. Elle doit être précisément exposée ou expliquée. On peut mettre ce que l’on veut dans l’incitation à la haine ou à la discrimination. On peut parfois être moralement d’accord de poursuivre tel ou tel groupe. Mais je sais comment cela se termine: ceux qui sont emmerdés sont toujours ceux qui ne pensent pas comme les gens du Parti socialiste. Admettons que deux ou trois mecs infiltrent une organisation et décident de dire des choses qui tomberaient sous le coup de la loi, toute l’organisation doit-elle être condamnée et dissoute? Poursuivre une abstraction m’a toujours paru délicat. De surcroît, cette loi ne sert strictement à rien parce que tous les outils existent déjà. Un des défenseurs de cette proposition a affirmé qu’elle allait permettre de combattre le terrorisme. On ne l’a pas attendue pour le combattre. On a entre dix et vingt législations spécifiques pour lutter contre le terrorisme, les lois sur les milices privées, sur les organisations criminelles, sur l’association de malfaiteurs… On dispose de la loi antiraciste qui permet d’attaquer toute personne physique qui aurait incité à la haine ou à la discrimination. Il existe les lois sur la calomnie, sur la diffamation, sur le négationnisme… Cette proposition de loi est totalement superflue. C’est du show pour se profiler en bons démocrates. Et à titre individuel, je trouve insupportable qu’un être humain qui n’est jamais qu’un singe évolué puisse dicter à un autre singe évolué ce qu’il a le droit de dire ou de penser.

Poursuivre une abstraction m’a toujours paru délicat.

Déterminer une incitation à la violence, à la haine vous paraît-il compliqué?

J’ai vingt ans d’expérience dans pas mal de dossiers liés à cette problématique et j’ai compris depuis longtemps que tout ce qui n’est pas politiquement correct est considéré comme une incitation à la haine ou à la discrimination. Quand on instaurera la loi martiale, on ne dira pas que c’est pour embêter les gens, on dira que c’est pour les protéger des méchants communistes ou des méchants rebelles. On mettra toujours en avant une organisation de déjantés, de nazis ou de crapules… Je ne suis ni nazi ni un espèce de pseudo-socialiste ; je regrette que ce pays se transforme de plus en plus en dictature larvée.

Donc vous voyez dans cette proposition de loi un outil supplémentaire pour brimer la liberté d’expression?

Ce sont toujours les mêmes outils que le pouvoir utilise: la peur, la culpabilité… Souvenez-vous du livre de George Orwell, 1984, que l’on cite souvent: c’est par le regret, le remords que l’on tient les gens. On est toujours poussé à la culpabilité. Je crois qu’il y a une corrélation très étroite entre le fait que l’on ne puisse plus rien dire et le constat que, du coup, ce que l’on a à dire sort sous forme violente. Chateaubriand disait: la liberté d’expression, « c’est la parole à l’état de foudre. Plus vous prétendez la comprimer, plus l’explosion sera violente. » Cela étant, telle est la Belgique. Il n’y aura pas un grand débat sur cette proposition de loi. Tout le monde estimera cela formidable et on trouvera bien deux juges assez serviles pour l’appliquer. Comme toujours.

La tendance à l’interdiction de ces groupes est-elle européenne? En France aussi, les dissolutions se multiplient.

Le ministre français de l’Intérieur veut dissoudre Génération identitaire. Mais à ma connaissance, ses membres n’ont jamais directement provoqué la mort ou les blessures de qui que ce soit. Ils mènent des actions qui déplaisent à l’équipe au pouvoir, à tort ou à raison. C’est pour cela qu’on essaie de trouver un nouveau moyen pour tenter de les coincer.

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