Je ne sais pas si je deviens dépressive à cause des antipsychotiques ou à cause de la psychose elle-même. © Getty Images

 » Du repos en suffisance et une vie structurée me maintiennent en bonne santé « 

« Je me sentais en connexion avec l’univers. Une expérience indescriptible, presque mystique », raconte Nadia. Elle a vécu sa première psychose à l’âge de 24 ans.

Nadia a pendant un temps combiné deux boulots dans l’enseignement, ce qui s’est avéré après coup trop stressant. « Dans les semaines qui ont précédé ma psychose, je me sentais très créative et pleine d’énergie. Un élève m’a même demandé si je prenais du speed. Cela aurait dû constituer un signal, mais je n’y ai guère prêté attention.

Un vendredi après-midi, je suis rentrée à la maison avant ma dernière heure de cours. Je pensais que ma semaine de travail était terminée. Lorsque je me suis rendue compte que j’avais laissé ma classe en plan, j’ai paniqué. Comment était-il possible d’être dans une telle confusion? Le lendemain, persuadée qu’une amie proche était dans la détresse, je lui ai téléphoné et ai constaté qu’elle pleurait. Son mari était au lit, paralysé par une première crise de sclérose en plaques. Cette expérience m’a totalement déstabilisée. J’étais déconnectée de la réalité et j’ai été hospitalisée, puis transférée dans un institut psychiatrique. »

Connexion unique

« Depuis lors, j’ai eu 7 psychoses, suivies à chaque fois de dépressions. La première fois, la dépression était très sévère. Les fois suivantes, mon humeur s’est rétablie plus rapidement. Les phases hypomanes et psychotiques ne sont pas les pires dans mon expérience, au contraire. On se sent relié d’une manière unique aux choses les plus grandioses. La désillusion qui suit est grande. Heureusement, les dépressions durent actuellement moins longtemps. Je ne sais pas si je deviens dépressive à cause des antipsychotiques ou à cause de la psychose elle-même. J’aimerais traverser complètement une psychose sans médication, dans un endroit sécurisant et entourée d’experts. Peut-être qu’après j’en serais débarrassée pour de bon. Dans certains pays, cette technique est expérimentée. »

Un mode de vie sain

« Depuis peu, je travaille un jour par semaine comme traductrice. Reprendre un travail rémunéré me procure beaucoup de satisfaction et me motive intellectuellement. Mais pour le moment, je n’ai pas besoin de plus. Sommeil réparateur, structure et gestion du stress me maintiennent en bonne santé. Maintenant que je connais mieux la phase hypomane qui précède une psychose, je tire plus rapidement la sonnette d’alarme. En prenant des antipsychotiques au bon moment, j’ai pu éviter de nombreux épisodes de psychose. »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire