Droixhe: la mue des tours

A coups de centaines de millions d’euros, la plaine bétonnée de Droixhe, l’un des quartiers les plus vilainement réputés de la ville, va enfin subir un profond lifting qui devrait être achevé en 2013. Au mieux.

C’est pour discuter de l’avenir de Droixhe qu’on se trouve, cet après-midi-là, quai de la Batte, dans les quartiers de l’échevine socialiste Maggy Yerna. Et du 5e étage, la cité sociale, nichée sur l’autre rive de la Meuse, offre la totalité de son périmètre au regard. Des cinq tours de l’avenue de la Croix-Rouge, les deux édifices d’extrémité vont disparaître. Un chantier qui vient de débuter sous la houlette de la société De Meuter, après plusieurs semaines d’atermoiements liés à la mise sous concordat de l’entreprise Pieck, initialement choisie pour dépecer ces tours touchées par l’amiante.

D’ici à 2013, l’ensemble du site devrait laisser la place à 1 450 logements (il y en a 1 850 aujourd’hui, dont une moitié est inoccupée) diversifiés : locatif et acquisitif, logement moyen et social, mais également à des services médico-sociaux et à de l’activité économique. Une diversité qu’on ne connaissait pas encore à Droixhe.  » Aujourd’hui, la plaine vit un peu en autarcie. On voudrait l’ouvrir davantage. Le premier tiers du travail est déjà accompli : il s’agit de la rénovation complète des 435 logements sociaux des rues Truffaut et de la Libération. Ensuite viendront la démolition des deux tours et la rénovation des trois tours restantes, pour laquelle un appel à partenariat privé va être lancé en ce début mai « , explique Maggy Yerna, qui est également présidente de la FIP (Filiale immobilière publique), gestionnaire de la plaine de Droixhe. Le dernier tiers concerne la démolition d’immeubles situés sur les avenues Chainaye et Micha, ainsi que la reconstruction, in situ, d’une tour d’un gabarit plus modeste, qui devrait débuter d’ici à la fin 2010.

Pas encore de spéculation immobilière

Sur le terrain, la propreté est revenue à Droixhe. Bonne nouvelle donc pour des riverains, qui avaient fini par cohabiter avec des rats, tant les déchets – des montagnes de pneus en passant par les vieux téléviseurs ou les carcasses d’autos – se sont amoncelés au pied des bâtiments en déshérence. European Cleaning Maintenance a été priée, pour 19 000 euros, de s’attaquer au problème. Une bonne fois pour toutes. Ce nettoyage des friches abandonnées de la plaine pourrait permettre à Droixhe, tachée par une réputation de dés£uvrement et d’insécurité, de relever la tête. Avec tout ce qu’une telle perspective peut susciter comme intérêt chez les promoteurs et propriétaires anticipateurs. Mais Maggy Yerna réfute l’argument :  » La spéculation est impossible à Droixhe parce que le PRU (Périmètre de remembrement urbain) définit très exactement ce que nous voulons et où nous le voulons. L’idée n’étant pas de permettre aux promoteurs de faire ce qu’ils veulent. Quant au marché immobilier même, il me semble qu’il faudra encore du temps avant que les gens ne prennent conscience que la zone va se transformer.  » Pas de risque, assure-t-on, de  » gentryfication  » : seuls, peut-être, les quelques lofts qui seront établis aux derniers étages de l’une des tours en réfection pourraient accueillir des acheteurs plus nantis. Qu’ils profitent de la vue…

G.V.

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