Doyen du parlement wallon et bon produit d’avant-guerre

Vous voulez le mettre en rogne ? Insinuez qu’il coule une retraite dorée au parlement wallon. Rugissements assurés. C’est qu’André Bouchat n’a jamais confondu son mandat avec une sinécure. Sa présence aux séances plénières est rarement prise en défaut, et son travail en commission a de quoi faire rougir de honte plusieurs de ses collègues trentenaires. Rejoindre la masse des députés amorphes et presse-bouton, très peu pour lui. A Namur, son franc-parler lui vaut l’estime de tous. Mais ses questions tatillonnes en font aussi un élu peu commode pour les ministres du gouvernement Demotte, y compris ceux de son parti, le CDH.  » Les exécutifs ne supportent plus qu’on les dérange, soupire-t-il. Je suis un des rares esprits libres au parlement wallon, l’un de ceux qui n’acceptent pas de recevoir des oukases. « 

Voix de stentor, contact rugueux, moustache et barbiche. André Bouchat reste, à 72 ans, un gaillard robuste. Un Ardennais, en somme. Lui-même se considère comme un  » baroudeur « . Son style a vieilli ? Logique, il date d’avant-guerre.  » Comme tous les bons produits.  » Le pouvoir ? Non, il n’est pas accro. D’ailleurs, en 2009, il n’était pas chaud pour rempiler.  » Moi, j’étais prêt à décrocher. C’est mon parti qui a insisté pour que je sois sur la liste. Ils voulaient la bête électorale. J’ai accepté. Parce que j’ai mon âge, mais je garde encore la passion de la politique… « 

Sa façon de gérer Marche-en-Famenne (17 500 habitants) impressionne également, par-delà les clivages politiques.  » Chaque fois qu’un appel à projets est lancé, dans n’importe quel domaine, André Bouchat rentre un dossier. Il est tout le temps sur la balle « , rapporte la collaboratrice d’un ministre wallon. Ces dix dernières années, Marche a vu son chômage reculer de 15 à 12 %. A tel point qu’il y a aujourd’hui davantage de personnes extérieures à la commune qui y travaillent que de Marchois qui font la navette vers Namur ou Bruxelles.  » Autrement dit, nous sommes exportateurs de revenus, se félicite André Bouchat. Sur plus de 262 communes wallonnes, il n’y en a que 25 ou 26 dans notre cas.  » Sa plus grande fierté ?  » Je n’en ai pas. Tout ça, c’est des conneries. J’ai fait entrer Marche dans le XXIe siècle, et voilà. « 

Depuis son fauteuil de bourgmestre, l’homme observe la société évoluer, avec bienveillance et agacement. Son verdict :  » Plus l’individualisme triomphe, plus les gens attendent tout des pouvoirs publics. « 

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F.B.

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