L'ancienne patronne montrée en exemple quitte Proximus par la petite porte. © FREDERIC SIERAKOWSKI/ISOPIX

Dominique Leroy a perdu

Décidée à quitter Proximus, son administratrice déléguée a revendu ses actions alors que son départ vers KPN était en négociation. Délit d’initié ? L’enquête le dira. Le coup de semonce est sévère.

C’est une valse à trois temps cruelle : légère à son envol, elle s’achève sur la chute de ceux qui la dansent. Au premier temps de la valse, Dominique Leroy, administratrice déléguée de Proximus depuis cinq ans, femme de compétences, de vision et de caractère unanimement reconnue comme telle, annonce qu’elle quitte l’entreprise pour s’engager sous la bannière du néerlandais KPN. Pour trois millions d’euros par an. Personne n’a vu le coup venir. A la surprise succède, en interne, une certaine indignation : la  » patronne  » a lancé en janvier un douloureux plan de restructuration qu’elle ne conduira pas à son terme. Nous sommes le 5 septembre.

Au deuxième temps de la valse, un doute affleure. Car le 1er août, Dominique Leroy a donné ordre à sa banque de vendre les actions Proximus qu’elle possédait, pour un montant de 285 000 euros. Cette transaction intervient alors qu’elle négociait déjà avec KPN. Au moment de joindre sa banque, Dominique Leroy était-elle déjà sûre de quitter Proximus ? Tombe-t-elle, dès lors, sous le coup d’un délit d’initié, sachant qu’elle détenait une information privilégiée, non connue du marché, au moment de céder ses actions ? L’intéressée argue qu’elle a vendu ces titres dès qu’elle l’a pu légalement, soit juste après la publication des résultats du deuxième trimestre. Le parquet se saisit de l’affaire et ordonne une perquisition à son domicile ainsi que la saisie de documents chez Proximus, le 19 septembre. La FSMA, gendarme du secteur financier, indague en parallèle. Annoncé pour le 1er décembre, le départ de Dominique Leroy intervient à la fin de septembre.

Au troisième temps de la valse, le couperet tombe : KPN renonce à engager Dominique Leroy. La procédure judiciaire, qui pourrait durer six à neuf mois, gêne l’opérateur néerlandais, très attentif à son image de marque. Le 1er octobre, le poste que convoitait la Belge est réattribué à un candidat interne. Chez Proximus, c’est Guillaume Boutin qui la remplace. Dominique Leroy, elle, se recase chez Bain & Company. Plus haut est le strapontin du pouvoir, plus dure est la chute.

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