Discrétion et indiscrétions

L’affaire Fortis accumule les victimes. C’est maintenant la Compagnie du Bois Sauvage qui fait les frais du Fortisgate. Délit d’initié ?

La société holding Compagnie du Bois Sauvage a vendu (fort à propos) un million de titres Fortis en août 2008 et surtout, 3,6 millions le vendredi (3 octobre) précédant le week-end du démantèlement du bancassureur. Le cours de l’action s’élevait ce jour-là à 5,42 euros en clôture contre un cours de 1,93 euro à la reprise de la cotation onze jours plus tard. La Compagnie du Bois Sauvage aurait bénéficié d’informations privilégiées qui l’auraient amenée à céder ces titres ce jour-là. Le patron du holding se défend en indiquant qu’une analyse approfondie aurait débouché, par hasard, sur une décision de vente précisément ce jour. Quoi qu’il en soit, la CBFA a ouvert un dossier et, si un délit d’initié était avéré (mais cela reste extrêmement difficile à prouver), le holding risque une amende équivalant à trois fois le gain tiré de l’opération, soit environ 40 millions d’euros. Par ailleurs, la CBFA a également ouvert une enquête administrative sur des achats effectués par des cadres supérieurs de Fortis Holding avant l’annonce de la vente de Fortis Banque à BNP Paribas. A noter que ces deux dossiers font l’objet d’une instruction judiciaire.

La belle discrète de la cote bruxelloise

La Compagnie du Bois Sauvage est une maison discrète à l’image de l’homme qui l’a bâtie de toutes pièces : Guy Paquot, un des anciens hommes forts de la galaxie Nagelmackers. En quelques années à peine, il en a vraiment fait une maison qui  » compte  » sur la place de Bruxelles, une valeur appréciée également par les investisseurs  » bons pères de famille  » et ce en raison de la diversification de ses placements de premier choix (Cofinimmo, Codic, Neuhaus, Banque Degroof, Recticel, Ter Beke…) et de la croissance régulière de son dividende. Depuis quelques années, Guy Paquot a cédé les commandes opérationnelles du holding à un autre ancien de Nagelmackers, Vincent Doumier, mais en reste le président.

Certes, les réserves financières et les dividendes de la Compagnie du Bois Sauvage ont été sérieusement amputées par l’effondrement de Fortis, mais la stratégie du holding reste : accompagner dans le temps les entrepreneurs talentueux, industriels ou financiers, qui, à un moment de l’existence de leur entreprise, ont eu besoin d’un appui, en participant à la définition de la stratégie, en aidant à la gestion financière ainsi qu’à la structure et à la stabilité de l’actionnariat…

C.D. et J.-M. D

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