DIPLOMATIE : JEU DE PISTES

Christian Makarian

Les priorités du quinquennat n’ont pas tardé à apparaître. D’abord, l’Afghanistan, qui a fait l’objet d’une préparation méthodique, malgré le flou qui subsiste sur le calendrier précis. C’est, pour François Hollande, le pilier d’une action internationale marquée par la recherche d’une nouvelle marge de man£uvre, mais aussi un moyen non avoué de redéfinir à la baisse l’outil de défense. La présence française en Afghanistan absorbe 60 % de l’enveloppe des opérations extérieures ; c’est dire si le rapatriement est primordial. Inconvénient : si François Hollande et ses conseillers se sont montrés étonnés de la facilité avec laquelle Barack Obama a accepté le retrait français d’Afghanistan, ils ont aussi noté la détermination des Américains à mettre en £uvre le bouclier antimissile, destiné à se prémunir contre une menace iranienne. Or, sur ce point, François Hollande n’a exprimé aucune opposition. Il n’est pas acquis, au total, que la politique extérieure soit nettement moins atlantiste que précédemment. Le deuxième axe, plus essentiel et de plus longue haleine, concerne de toute évidence l’Europe. Le président va y consacrer toute son énergie, ce qui ne sera pas de trop. Des experts chevronnés ont été rapatriés de Bruxelles vers l’Elysée à cet effet. Par les réticences qu’il soulève (à Londres, la presse l’a traité de  » Rain Man « ) et les figures de rhétorique qu’il affectionne, François Hollande sait que la relance de l’Union et la sortie de crise sont indissociables, qu’il en va de la réussite de toute son action, sur les plans tant intérieur qu’extérieur. On attend sa percée. Le reste du monde exigera à la fois du doigté et des redéploiements. Le doigté est requis à l’égard de la Chine, désignée par Hollande comme un  » adversaire  » durant la campagne électorale. C’est à dessein que Paul Jean-Ortiz a été nommé conseiller diplomatique du président, en raison de sa bonne connaissance de la Chine et de l’Asie. A l’issue de la visite à Pékin effectuée, en juillet, par Fabius, le courant est rétabli : François Hollande se rendra en Chine, pour la première fois, en 2013.

Les redéploiements viseront surtout la zone de haute tension qu’est devenu le Sahel, en particulier le Nord-Mali. Là encore, le récent déplacement de Fabius à Alger se veut prometteur. L’idée est de convaincre l’Algérie, d’où sont issus les cadres d’Aqmi, de s’impliquer davantage dans la lutte militaire contre les terroristes – on est loin des objectifs. C’est toute la relation franco-algérienne qui demande à être enfin renforcée, sur le modèle de la réconciliation franco-allemande. François Hollande, qui ne pâtit d’aucun passif, tient là une occasion historique de laisser son empreinte. Comme il est, a priori, fort bien placé pour redéfinir les liens avec l’Afrique et les  » banaliser « , lui qui fut le seul baron socialiste à prendre ses distances avec Laurent Gbagbo, le président déchu de la Côte d’Ivoire.

Finalement, le plus grand changement consistera, peut-être, à redonner leur rôle aux diplomatesà

Christian Makarian

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