Des experts au-dessus de tout soupçon ?

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Chargés de plancher sur la révision de la loi de financement, les économistes de la Banque nationale et du Bureau du Plan dormiront peu les prochains jours. Mais les attaques de la N-VA sur leur possible orientation politique n’y seront pour rien.

Plus on pense de façon objective, moins on existe « , disait le philosophe Søren Kierkegaard. A la Banque nationale de Belgique comme au Bureau du Plan, appelés en renfort par le conciliateur Johan Vande Lanotte pour remettre à plat,  » objectivement « , les divers modèles de révision de la loi de financement, le propos doit faire sourire. Car, pour exister, ils existent, ces économistes ! Et il est de notoriété publique que les patrons de la BNB et du Bureau du Plan ont une certaine couleur politique. Mais elles ne transparaissent pas dans les études qui en émanent, tout le monde, N-VA mise à part, l’atteste.

A la BNB, les 50 économistes £uvrant dans les différents services d’études (statistiques, marchés financiers, emploi, etc.) sont recrutés sur la base de concours et sélectionnés par un jury interne complété, entre autres, de professeurs d’université. Une fois engagés, ils consacrent l’essentiel de leur temps à concevoir des études macro-économiques, à préparer le rapport annuel et à faire des recherches, à l’initiative de la banque.  » Quand le conciliateur Johan Vande Lanotte fera appel à nos services, nous ne les facturerons pas, précise la porte-parole de la BNB. Il s’agira pour nous de jouer gratuitement un rôle de conseiller, dans l’intérêt public. « 

Les travaux des économistes de la BNB publiés au nom de la banque sont relus en interne par la direction. Les 7 directeurs de cette grande maison ne sont pas neutres sur le plan politique. La majorité d’entre eux sont étiquetés politiquement et ne s’en cachent pas. Outre le gouverneur Guy Quaden, apparenté socialiste, les directeurs Jan Smets et Marcia De Wachter sont proches du CD&V, Françoise Masai, du PS, Norbert De Batselier, du SP.A, Luc Coene, de l’Open VLD, tandis que Jean Hilgers est issu du sérail du CDH. Peter Praet a, quant à lui, été chef de cabinet du ministre des Finances Didier Reynders (MR).

Soit une direction qui résulte d’un savant dosage entre partis. Seule la neutralité linguistique du comité de direction est assurée. Les statuts de la BNB, qui interdisent aux directeurs d’exercer, par exemple, une autre fonction dans une société commerciale, ne mentionnent nulle part que d’éventuels liens politiques sont incompatibles avec ce mandat.

Au Bureau du Plan, environ 75 personnes travaillent chaque jour sur des études, consacrées aux finances publiques, à la macroéconomie, au développement durable et autres questions d’énergie. Recrutés par appel public, elles sont sélectionnées par le conseil de direction et leur nomination est (toujours) entérinée par le ministre de tutelle (Premier ministre et/ou ministre de l’Economie).  » Les travaux que nous faisons ne sont jamais le fait d’un seul collaborateur mais d’une équipe, précise-t-on au Bureau du Plan. Il est inimaginable que ceux-ci soient biaisés en fonction de la demande que nous adresse le gouvernement ou un ministre.  » D’ailleurs, les études du Bureau du Plan, relues et corrigées elles aussi par le comité de direction, n’ont pas toujours l’heur de plaire à leurs commanditaires… Cette institution étant considérée comme le service d’études du gouvernement, elle a bien sûr des contacts réguliers avec les membres du gouvernement – pas avec les partis – mais de façon assez formelle. Cela n’empêche pas le commissaire du Bureau du Plan, Henri Bogaert, d’être considéré comme proche du CDH et le commissaire adjoint, Jan Verschooten, du SP.A. Ainsi va la Belgique…

LAURENCE VAN RUYMBEKE

savant dosage Tous sont liés, d’une manière ou d’une autre, à un parti politique.

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