Des Chinois au secours des anciens thermes

Le maître d’ouvrage privé chargé de rénover les anciens thermes de Spa doit trouver de nouveaux investisseurs. Une piste chinoise semble sérieuse. Les travaux pourraient commencer en 2016.

La réhabilitation des anciens thermes,  » c’est un peu comme le monstre du Loch Ness : on en parle souvent, mais on n’en voit pas la tête  » ! Là où certains perdraient patience, l’échevin des Travaux et du Patrimoine, le libéral Paul Mathy, préfère garder son humour pour évoquer ce dossier qui occupe le collège communal depuis une décennie maintenant.

Les discussions ne portent plus désormais sur l’affectation de cet édifice du XIXe siècle en partie classé et inoccupé depuis 2004. Si la piste d’une transformation en centre de congrès avait un temps été évoquée (puis abandonnée car financièrement irréalisable), son avenir est aujourd’hui tracé : il deviendra un hôtel. De luxe, affichant cinq étoiles. Tant pis si les exploitants des nombreux établissements de standing déjà présents en terres spadoises ne voient pas d’un bon oeil l’arrivée d’un énième concurrent…

Il y a un an à peine, les contours du projet semblaient très nets : la Ville, propriétaire du bâtiment, avait signé un bail emphytéotique avec un maître d’ouvrage, Foremost Immo (filiale à 100 % du groupe flamand Denys), associé aux bureaux d’architectes SUM Project et Barbara Van Der Wee. Septante chambres étaient annoncées, ainsi qu’un parking souterrain, des appartements, une brasserie et des commerces de luxe. Le tout pour une vingtaine de millions d’euros.

Mais voilà : l’exploitant qui avait marqué de l’intérêt pour la bâtisse, le groupe Martin’s Hotels, s’est depuis rétracté, explique Paul Mathy.  » Denys nous a demandé un délai supplémentaire pour trouver un nouvel investisseur. Nous le lui avons accordé, moyennant une compensation financière car nous voulions être certains que c’était du sérieux.  » Puis, l’air de rien, rester propriétaire d’un bâtiment vide mais toujours chauffé en hiver, ça coûte cher. Plus ou moins 30 000 euros par an.  » C’est pour cela que nous leur avons demandé de prendre ces frais à leur charge.  »

Conserver le caractère historique

Si Denys affirme avoir plusieurs pistes, la plus sérieuse mène vers l’Asie. Des Chinois se sont rendus à Spa en décembre dernier, tandis que des représentants du groupe flamand ont été en Chine fin janvier pour poursuivre les négociations. Qui sont condamnées à aboutir rapidement : la prolongation consentie par les autorités court jusqu’au 31 mai.

S’ils les négociations aboutissent à une signature, le projet pourrait s’en trouver modifié. Le nombre de chambres pourrait être rediscuté, tout comme la présence d’une brasserie. Les investisseurs seraient particulièrement soucieux de conserver le caractère historique de l’ensemble à l’identique, comme par exemple les baignoires de cuivre. Ils tiendraient aussi à ce qu’un musée racontant l’histoire des lieux soit érigé, tout comme un centre d’apprentissage des techniques thermales européennes où des Chinois pourraient venir se former.

Quel que soit le projet finalement retenu, les travaux ne devraient pas débuter avant un certain temps. Aucune demande de permis n’a encore été déposée, pas plus qu’un certificat de patrimoine – indispensable pour ce genre de chantier – n’a été délivré. Le maître d’ouvrage a jusqu’au 31 décembre 2015 pour obtenir toutes les autorisations nécessaires. Ce qui laisse espérer des premiers coups de pioche en 2016. Au mieux.

Mélanie Geelkens

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