De grands travaux pas toujours inutiles

Certains sont à l’abandon depuis des années. Que deviennent ces chancres qui horripilent les Liégeois ? Val-Benoît, Droixhe, Bavière, Tivoli… Etat des lieux.

C’est vrai, ces dernières années, plusieurs pans de ville ont connu un sacré lifting. La gare des Guillemins, la Médiacité, le Grand Curtius, l’Opéra royal de Wallonie, bientôt le théâtre de l’Emulation place du XX Août… Mais Liège souffre encore de quelques friches ancestrales. Voire de véritables chancres qui défigurent le paysage. Comment avancent ces projets (publics ou privés) dont les riverains n’osent parfois plus prédire l’aboutissement ? Bien, assure le bourgmestre socialiste Willy Demeyer.  » C’est lent parce que je m’attaque à de vrais dossiers. Il faut aujourd’hui quinze à vingt ans pour qu’un grand projet aboutisse, à cause du cadre institutionnel. C’est trop long. Il faudrait raccourcir les procédures. Et continuer à avoir la foi du charbonnier !  » De la foi, il en faudra sans doute. Car certains chantiers semblent ne pas encore être au bout de leur peine. Tour d’horizon.

DROIXHE Table rase pour les tours survivantes

Droixhe sera-t-il  » le clou dans le cercueil de Maggy Yerna « , l’échevine socialiste du Développement territorial, comme le glisse aimablement Christine Defraigne, chef de file de l’opposition MR ? Le réaménagement de ce quartier était l’une des grandes ambitions de la précédente législature. Il est aujourd’hui presque toujours au point mort.  » On a avancé, mais pas comme on l’aurait voulu « , se défend l’intéressée.

Certes, deux des cinq tours ont été démolies. Certes, les immeubles Truffaut-Libération ont été rénovés. Certes, la tour Match vient de s’offrir un lifting. Pour le reste…  » Nous n’avons pas trouvé de partenaire privé souhaitant rénover les tours. Selon les entrepreneurs, les travaux étaient tels qu’ils n’auraient pas pu les rentabiliser. A moins de louer les appartements à 900 euros…  » Impossible.

D’où l’idée de Maggy Yerna de faire table rase. Abattre les derniers buildings vides depuis belle lurette pour construire du neuf. La Filiale immobilière publique lui a donné son feu vert et elle recherche un architecte.  » C’est une question de semaines, assure- t-elle. Je veux que cela avance avant les vacances ! D’autant que ça bloque le développement du projet d’une maison de repos de plus de 100 lits, qui est prêt à démarrer.  »

BAVIÈRE Les architectes travaillent

Depuis la fermeture de l’hôpital de Bavière en… 1987, rien n’a bougé. Si l’on exclut les nombreux changements de propriétaires et autres projets avortés. Le site de 4 hectares appartient désormais à l’association Thomas & Piron/Galère/Kairos. Qui entend faire avancer le dossier, ne fût-ce que parce que le terrain leur a coûté 10,8 millions d’euros.

Trois bureaux d’architectes planchent sur l’élaboration d’un master plan. Les 100 000 m² constructibles doivent abriter 300 à 400 appartements, 300 kots, un hall omnisport, une crèche, une résidence-service, des bureaux, des commerces, voire la faculté d’architecture de l’ULg…

Des discussions seraient par ailleurs en cours avec la Province pour que celle-ci se défasse de terrains voisins – où trône notamment l’ancien bâtiment de l’Intermosane – pourtant achetés en 2011. Les négociations devraient aboutir (positivement ou non) fin avril. Quoi qu’il en soit, les premières pelleteuses ne devraient pas débarquer sur le site avant deux ans d’études. Huit ans de travaux sont prévus. Si aucun recours ne vient perturber le calendrier… La dentisterie chère aux amoureux d’architecture devrait être préservée.

ÎLOT TIVOLI Rien à l’horizon

Ne vous fiez pas aux informations publiées sur le site de Liège, rubrique  » grands projets « . Spécialement concernant l’îlot Tivoli.  » Une étude confiée au bureau Alphaville est en cours de réalisation « , précise-t-on. Le bureau français s’est en effet penché sur ce dossier. En 2008. Depuis ?  » On ne peut pas tout faire en même temps !  » justifie Willy Demeyer.

La Ville sait qu’elle devra réaliser des fouilles dans les vestiges de l’ancienne cathédrale en sous-sol. Mais aucun subside n’a été débloqué. Puis pas question d’y ériger un monument mastodonte. Sans doute une  » infrastructure légère  » sera-t-elle privilégiée. Un jour, peut-être. En attendant, l’endroit risque de rester un parking sauvage pour un bout de temps.

GUILLEMINS Sur les rails

Les travaux de la place des Guillemins, devant la gare, entrent en phase terminale. Inauguration prévue en octobre. Mais le chantier reste gigantesque : il faudra encore aménager l’esplanade allant jusqu’aux quais (en 2015 ?) et qui intégrera un arrêt de tram. Résoudre aussi le problème de la nouvelle Tour des Finances (un recours en annulation de la SNCB est toujours pendant devant le Conseil d’Etat), même si la livraison est prévue en 2014 et que la démolition de l’ancienne doit débuter dans la foulée. Puis construire, enfin, différents îlots (logements, bureaux, centre de design…)

La construction de la passerelle qui doit relier les quais au parc de la Boverie doit par contre débuter incessamment, le permis ayant déjà été accordé.  » Les pièces du puzzle se mettent en place, se réjouit Maggy Yerna. Mais pour changer le visage complet d’un quartier, il faut au moins dix à quinze ans !  »

GRAND-POSTE Parking à la traîne

L’un est privé, l’autre piloté par le public. Mais les deux projets autour de la Grand-Poste sont liés. Du moins aux yeux du propriétaire du bâtiment, Pierre Berryer, qui estime qu’il ne peut transformer les lieux en une galerie commerciale surplombée d’un complexe d’appart-hôtels tant que les travaux du parking sous-terrain, juste en face, ne débutent pas.  » Dès que les pelleteuses débarquent, on suit !  » Problème : les autorités patinent. Un premier appel d’offres s’était soldé par des propositions irrecevables. Un second a dû être lancé. Les dossiers sont actuellement analysés et on devrait savoir en juin si un candidat est retenu. Mais les travaux ne devraient pas démarrer avant deux ou trois ans.  » En attendant, 5 millions restent coincés là-bas, regrette Pierre Berryer. Les enseignes qui ont mis une option sur 30 % des commerces disponibles seront-ils toujours là quand le parking se finalisera ?  »

VAL-BENOÎT Premières démolitions

L’apparence du Val-Benoît devrait rapidement s’améliorer. Les travaux d’aménagement des abords de cet ancien campus universitaire de 8 hectares devraient débuter fin 2013. Simultanément, la tour CFE-Moury sera démolie puis remplacée par des bureaux en 2014. Enfin, la SPI (agence de développement économique) a introduit une demande de permis en mars pour la transformation de l’immeuble de génie civil en ateliers pour PME.

 » Ensuite, nous nous occuperons du bâtiment de chimie, dans le même esprit « , décrit Olivier Béart, porte-parole. Restera la centrale thermoélectrique, qui pourrait accueillir un lieu culturel, et l’institut de mécanique, qui devrait devenir un pôle d’enseignement. La SPI espère aussi y implanter des logements.  » Nous sommes à la recherche d’investisseurs privés. Les premiers contacts au Mipim (NDLR : le marché international des professionnels de l’immobilier) furent bons. On ne change pas un tel site en deux jours. Mais les premiers travaux casseront cette image de chancre.  »

MÉLANIE GEELKENS

Beaucoup d’incertitudes planent encore sur les projets de rénovation

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