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De Croo, chef de chantier

Pendant que le MR recadrait son turbulent président, la Vivaldi entamait son vaste chantier d’une Belgique « prospère, solidaire et durable ». Les 12 travaux faramineux d’Alexander Ier n’ont pas encore débuté que les applaudissements (un peu) et les critiques (un peu plus) se font déjà entendre.

Tellement de glouberies, ces jours-ci, que ça en éclipserait presque la Vivaldi. Un président de parti a failli être détrôné, un baron n’a pas été recasé, une ministre a compris à quel point elle était peu considérée, le frère d’un ancien ponte devenu secrétaire d’Etat s’est mal garé et l’accord d’un nouveau gouvernement s’en retrouve quasi médiatiquement oublié. Georges-Louis Bouchez sauvé, calmé, humilié mais encadré, devrait désormais laisser davantage d’espace aux six autres partis de la majorité et aux objectifs qu’ils se sont fixés.

Ceux-ci s’égrènent au fil de 143 pages et s’agrègent autour de trois objectifs: une Belgique prospère (coucou, les bleus), solidaire (voilà pour les rouges) et durable (et ceci pour les verts). Vingt ministres et secrétaires d’Etat, dont dix femmes et un chef d’orchestre pour coordonner le tout.

Un surhomme, presque: la tâche d’Alexander De Croo est souvent floue, rarement financée et probablement peu finançable, mais elle se donne les allures de l’ambition. Tel un Hercule des temps modernes, le libéral flamand devra, pêle-mêle, tuer un virus sans achever ni l’économie ni la vie sociale ; combattre un déficit abyssal ; résister face à cette opposition à l’extrémisme décomplexé ; sauver le climat ; contrer le chômage… Le Vif/L’Express a sélectionné douze de ces travaux (il y en a d’autres) et analysé les combats que le nouvel exécutif fédéral s’est engagé à mener.

Dans la mythologie grecque, Hercule – mis au défi par son cousin et ennemi intime Eurysthée – déjouait tous les pièges et relevait chaque défi, aussi impossible fussent-ils. Dans la mythologie belge, Alexander Premier risque peu de réussir toutes les tâches qu’il s’est lui-même assignées. Alors que beaucoup lui reprochent déjà de ne pas en faire assez, ou de mal faire.

« Fausses grandes ambitions »

La N-VA a déclaré qu’elle combattrait son gouvernement « sur terre, sur mer et dans les airs » (dixit Theo Francken). Le PTB trouve que cet accord « sonne faux » et qu’il n’est qu’une prolongation de la suédoise « malgré quelques points positifs ». Le Vlaams Belang avait déjà manifesté avec ses drapeaux flamands même avant que le gouvernement ne soit formé. Pour le CDH, « ça commence mal » parce que l’accord comporte trop de flous, trop de « plumes à leurs chapeaux » qui annoncent de « fausses grandes ambitions » (selon Catherine Fonck, dans Sudpresse).

La « société civile » aussi, a réagi. Diversement. La CNE ne veut pas d’un « requiem pour un con pour le commerce », qui serait oublié dans sa souffrance. La FGTB se déclare satisfaite bien que certains éléments (pensions, allocations sociales…) « restent insuffisants ». Le syndicat national des (co)propriétaires craint que ceux qu’il représente ne doivent « encore passer à la caisse ». Test-Achats est ravi devant tant de « bonnes intentions » tout en redoutant un excès d’ambitions. L’UCM (Union des classes moyennes) reconnaît des « engagements intéressants » (sanitairement, économiquement et climatiquement parlant) mais s’inquiète, notamment concernant la (para)fiscalité. Le SNI (Syndicat neutre pour indépendants) juge que la Vivaldi comporte du positif « mais quelques fausses notes ». Alors qu’aucun ministre n’a encore commencé à chanter.

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