David Seymour, photographe (com)passionnel

Au cour de l’événement, David Seymour (1911-1956), cofondateur de la fameuse agence Magnum, était l’un des plus grands photojournalistes du xxe siècle.

Originaire d’une famille juive de Varsovie, Didek Szymi – de son vrai nom – entame des études d’art et de photographie à Leipzig qu’il terminera à Paris, en 1933. Présent dès le début de sa carrière au c£ur des conflits armés internationaux, celui que l’on connaît aussi sous le pseudonyme de  » Chim  » (dérivé de Szymin) défend – par l’entremise de nombreux reportages – des causes qu’il estime justes. Il couvre la guerre civile espagnole et soutient le combat des républicains. En 1939, il part pour le Mexique afin de suivre le voyage de réfugiés espagnols et leur arrivée sur cette terre d’exil. Quand la Seconde Guerre mondiale éclate, il fuit l’Europe et s’installe à New York. Il prend alors la nationalité américaine, change son nom en David Seymour et dirige un labo photo. En 1942, il s’engage dans l’armée américaine. Affecté au service des renseignements, il se consacre pendant trois années à l’interprétation de photographies aériennes. Mais sa véritable montée en puissance intervient en 1947. Avec ses amis Robert Capa, Henri Cartier-Bresson et George Rodger, David Seymour fonde la prestigieuse agenceMagnum. Un reportage sur le Vatican. Un autre sur l’analphabétisme en Calabre. Les commandes se multiplient ; Seymour travaille sans relâche.

A la demande de l’Unesco, il se penche sur le sort des enfants d’Europe (Tchécoslovaquie, Pologne, Allemagne, Grèce et Italie) qui grandissent dans cette période d’après-guerre. Un travail titanesque ! En temps de paix, il immortalise quantité de célébrités du milieu artistique et cinématographique. Ingrid Bergman, Sophia Loren, Kirk Douglas comptent parmi ses plus illustres modèles. Mais dans les yeux de Seymour, les vraies vedettes ne sont pas celles que l’on croit… Sans jamais violer l’intimité des sujets photographiés, l’artiste transforme des anonymes de la rue – victimes innocentes – en icônes intemporelles. Dans ces regards qui en disent plus long sur l’atrocité de la guerre qu’une image choc, la compassion est de mise.

Ignorant les dangers, David Seymour s’est toujours voulu au c£ur des événements, et surtout au plus près de ceux qui en subissent les conséquences… jusqu’à ce jour de novembre 1956. Au cours d’un reportage sur la crise de Suez, Chim tombe sous une rafale de mitraillettes égyptiennes. Une issue fatale pour celui qui, à l’origine, n’avait pas choisi de devenir photographe. Fils d’un éditeur, il était destiné à poursuivre la voie paternelle. Mais les hasards de la vie mènent quelquefois les individus vers leur véritable destinée, aux finalités insoupçonnées.

David Seymour. Un photographe humaniste, au Musée Juif de Belgique, 21, rue des Minimes, à 1000 Bruxelles. Jusqu’au au 27 février. www.new.mjb-jmb.org

GWENNAëLLE GRIBAUMONT

seymour transforme des victimes innocentes en icônes intemporelles

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