Michèle Noiret crée Twelve Seasons, une chorégraphie très attendue, qui approfondit la relation entre la danse et la musique

La saison dernière, la danseuse et chorégraphe Michèle Noiret avait recueilli un énorme succès avec In Between. Dans le cadre du KunstenFestival des Arts, elle nous propose Twelve Seasons, une nouvelle création qui sera dédiée à Karlheinz Stockhausen. En effet, à l’âge de 16 ans, Michèle Noiret fut remarquée par ce compositeur en visite à l’école de danse Mudra-Béjart, pour interpréter trois de ses pièces « corporello-musicales » intégrées à un opéra. Cette première et fort complexe expérience a durablement marqué Michèle Noiret. « Pour moi, explique-t-elle, le projet Twelve Seasons, comme un précédent Solo Stockhausen (1997), est un hommage à ce compositeur pour l’influence décisive que son oeuvre a exercée sur mon travail d’interprète et de chorégraphe. »

L’élément fondateur de Twelve Seasons est l’oeuvre musicale Tierkreis du remuant maître allemand. Cette partition sera interprétée sur scène dans une version pour flûte, trompette et clarinette. Il s’agit d’une musique très mélodique et pas du tout électronique, qui se répartit en douze pièces de quelques minutes. Douze, comme les signes du zodiaque qui correspondent à des caractères humains. « Ce sont des petits univers avec leurs couleurs et leurs identités propres, et qui reprennent l’idée des saisons, avec autant de passages de temps, de moments de vie. »

Avec In Between, Michèle Noiret apprivoisait les nouvelles technologies. Dans Twelve Seasons, qui combine également danse, musique, scénographie et images, ces nouvelles technologies seront à nouveau présentes. « Celles-ci sont à la mode, explique la chorégraphe, mais, pour moi, elles ne sont pas l’élément central du spectacle. C’est un plus qui me permet d’aller plus loin dans l’imaginaire et de susciter des images poétiques. »

Une question de temps

Les nouvelles technologies ne sont cependant pas les seuls liens entre In Between et Twelve Seasons. Dans cette dernière pièce, on retrouvera, par exemple, des jeux de miroirs et des espaces qui se modulent, non pas en rectangles, comme précédemment, mais en courbes, une première pour Michèle Noiret. « Je vois la création, ajoute celle-ci, comme un développement d’éléments qui eux-mêmes évoluent avec le temps. »

Elaboré en collaboration avec le scénographe Paolo Atzori et le musicien Todor Todoroff, qui précise, électroacoustiquement, les climats sonores des « saisons », ce spectacle est prévu pour six danseurs. Mais, cette fois, Michèle Noiret, qui pourtant adore danser, restera aux commandes d’une entreprise de taille. De plus, les musiciens seront intégrés à un espace scénique mobile. Cela obligera les danseurs à une écoute plus pointue, une manière de retrouver cet échange, souvent négligé, entre la musique et la danse.

Des lumières, conçues par Xavier Lauwers, et des tenues inédites, imaginées par la styliste Azniv Asfar, apporteront également du mordant à l’équipée cosmo-saisonnière du tandem Stockhausen-Noiret.

Les esprits frileux ou fatigués seront peut-être impressionnés par la réputation « expérimentale » du compositeur et par l’apparente complexité du projet de Michèle Noiret. Mais, sous ce terme d' »d’expérimentation », se niche d’abord une curiosité active qui se manifeste d’une façon continue, d’un spectacle à l’autre. « On tâtonne, on essaie, on bricole, puis on tente de maîtriser le tout. » Si le grand public se sentira peut-être délogé de ses habitudes, cela ne l’empêchera pas de trouver son plaisir dans une création recherchée, et qui fait écho au travail intense et ininterrompu d’un impressionnant pionnier des voies musicales d’aujourd’hui.

Bruxelles, théâtre Les Tanneurs, du 11 au 20 mai. Tél.: 02-512 17 84.

Lucie Van de Walle

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