Covid-19, gauche, droite

Le discours néolibéral triomphant depuis des années, et les règles budgétaires publiques, soutenues par l’Union européenne, ont contribué à neutraliser l’action des Etats, et à la discréditer. De là une défiance grandissante à l’égard des gouvernements. La crise de 2008-2009, d’économie libérale s’il en est, a remis la puissance publique à l’avant-scène, dans le sauvetage des banques, sans qu’elle en tire avantage, au contraire. La Covid-19 a vu les interventions massives des gouvernements, en vue de compenser les conséquences sociales et économiques de la crise, au prix de déficits inimaginables il y a encore un an. Un retour en force qui redonne de fait de la légitimité aux Etats, redevenus Etats-providence, sans que la moindre opposition idéologique ne se manifeste. Au contraire: les partis « libéraux », soucieux d’une rigueur budgétaire, contribuant ainsi à affaiblir l’intervention publique, ont eu à défendre tout un secteur de professions indépendantes, durement touchées, de manière inédite. Malheureusement, cette action sur les conséquences est contrecarrée par une action déficiente sur les causes, c’est-à-dire la crise sanitaire elle-même. Il y a l’incurie du début, qui n’avait rien d’un effet de sidération, mais pouvait s’expliquer par une gestion « marchandisée » et « efficiente » de la santé, selon les lois ordinaires de l’économie. Une vision qui a conduit, par exemple, à la réduction des lits d’hôpitaux, et l’absence d’investissements dans les mesures de prévention, notamment par l’abandon des stocks de masques. Mais une inefficacité dans la logistique a succédé, du tracing et autres applis et baromètres de la santé, à la vaccination, en passant par le testing. Une inefficacité que le millefeuille institutionnel belge a favorisée et les discours politiciens discordants […] amplifiée. Ainsi, il se pourrait bien que l’action publique finisse par ne pas bénéficier de ce qui aurait pu être un retour de balancier, et avec lui, les ambitions de solidarité d’un Etat-providence repensé. Si bien qu’à la fin, c’est à un nouveau retour aux règles strictes des lois du marché et aux austérités publiques qu’on pourrait bien assister. Et à un ratage de plus de la gauche démocratique.

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