Condamné à retaper sur le même clou

Ce n’est pas l’usure du pouvoir qui risque de guetter le MR à la Région bruxelloise. Ni l’usure de l’opposition, assure son chef de groupe au parlement, Didier Gosuin. Reparti pour un bail de cinq ans.

Pierre Havaux

Il assure garder la pêche. Malgré la grosse déception de ne pas avoir renoué avec le pouvoir. Malgré ce poids des années déjà passées et qu’il va encore falloir passer sur les bancs de l’opposition.  » Dix ans au total, ce sera long. On encaisse forcément le coup « , admet le bourgmestre d’Auderghem, Didier Gosuin (FDF). Mais le député régional bruxellois a vite voulu chasser les idées déprimantes. Pas question de broyer du noir quand on se doit de donner l’exemple, en rempilant à la tête du premier groupe politique et de la principale force d’opposition au parlement bruxellois. Il fallait sans tarder remobiliser les troupes, répartir les missions entre les 24 députés, relancer la machine du contre-pouvoir.  » On se met en ordre de bataille « , lâche le chef de groupe MR. Prêt à repartir à l’assaut d’une majorité pratiquement inchangée (PS-CDH-Ecolo-Open VLD-CD&V), si ce n’est sur son aile flamande où le SP.A a cédé la place à Groen !. Voilà qui ne risque pas de dépayser l’opposition libérale bruxelloise, mieux armée que sa cons£ur wallonne pour mener la vie dure aux ministres.  » En Wallonie, le nouveau partenaire Ecolo aura beau jeu de botter en touche sur les dossiers délicats, en prétextant qu’il n’était pas au pouvoir sous la précédente législature. Pas question pour les membres du gouvernement bruxellois de renvoyer la balle à leurs prédécesseurs. Ou de faire aveu d’impuissance devant le pétrin budgétaire dans lequel ils se sont mis eux-mêmes. « 

Une opposition… durable

Le ton est donné : l’argent, qui va faire cruellement défaut à l’olivier II pour tenir ses engagements, sera l’un des chevaux de bataille du MR bruxellois. Au même titre que la bonne gouvernance, très en vogue. Sitôt la nouvelle majorité sur les rails, les premières salves ont déjà fusé : le rejet de l’opposition flamande démocratique du nouveau collège chargé de contrôler les communications gouvernementales a enflammé le MR. Et l’a conduit à voler au secours du SP.A, son nouvel allié inattendu dans l’opposition.  » Le SP.A, ce ne sont pas des manches. Alors que sous la précédente législature, Groen ! ou rien, c’était la même chose « , relève Gosuin. Il promet à ses adversaires de mener une opposition dans l’air du temps : elle sera… durable. Mais prendra des accents quelque peu différents : les leçons de la défaite ont été tirées.  » Nous allons tenir un discours de vérité, quitte à ce qu’il soit impopulaire. Par peur d’aller à contre-courant, nous avions commis l’erreur de ne pas oser critiquer certaines mesures irresponsables mais sympathiques : la généralisation de l’allocation loyer, la gratuité des transports en commun, la réduction de moitié de la taxe régionale. Nous allons en finir avec la démagogie de bas étage. « 

Diriger le groupe MR bruxellois, c’est aussi arbitrer deux tendances lourdes. Accommoder les sauces entre une fraction FDF montée en puissance depuis le dernier scrutin (11 élus sur 24), et un pôle PRL qui a perdu des plumes. Un rééquilibrage des forces survenu après quelques grincements de dents, lorsque le PRL Armand De Decker avait été préféré au FDF Didier Gosuin pour mener la liste MR au scrutin. Flanqué de ses lieutenants libéraux Vincent Dewolf et Françoise Schepmans, le chef de groupe veillera à resserrer les rangs et à effacer les traces. D’ailleurs Gosuin préfère esquiver :  » Le CDH a aussi son débat interne sur le port du voile, le PS a ses tendances laïque et communautariste. Ces tensions n’ont rien de spécifique au MR.  » Renvoyer la balle vers les partis de la majorité : le vieux réflexe de l’opposition est au point. Pierre Havaux

l’argent sera un des chevaux de bataille du mr bruxellois

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