Chez Albert, la belge connexion

Frédéric Legrand, 35 ans, est bruxellois. C’est lui qui a lancé le site d’information sur Marseille, à Marseille, en le nourrissant de journalisme façon Albert Londres. Et d’esprit tout en belgitude.

Sur le mur qui jouxte son bureau, trône un portrait de la reine Paola. Devant le clavier de son ordinateur, une statuette en bronze du Manneken-Pis, dotée d’une pipette à eau  » pour arroser ses collègues « . Il a beau connaître les contours de l’actu marseillaise dans ses moindres recoins (ou presque), Frédéric Legrand n’est pas un Marseillais comme les autres. Et pour cause, il est belge, ixellois précisément. Beaucoup ont donc pensé que Chez Albert, le site d’information qu’il a lancé en octobre dernier avec son acolyte Stéphanie Harouyan, s’inscrivait comme un nouvel hommage rendu à sa belgitude.

Au risque de les décevoir, et même s’il reconnaît que l’appellation est  » d’autant plus savoureuse qu’elle s’impose comme un clin d’£il à l’égard de mon souverain « , c’est à un autre Albert que ce journaliste de 35 ans, qui aligne sept années au sein du gratuit 20 minutes Marseille, fait ici référence : Albert Londres.  » Ce qu’on aime, c’était sa façon de parler très subjective et sa capacité à prendre le temps. Jusqu’ici, on rédigeait des comptes-rendus pour le lendemain, sans laisser paraître nos opinions de journalistes. Chez Albert veut faire autre chose.  » Décortiquer l’actu marseillaise au-delà du factuel, l’anticiper avec des  » modes et des rythmes de traitements différents « , à l’instar des diapos interactives, des reportages vidéos et sonores ou encore des feuilletons en guise de dossiers bien ficelés. Le tout dans un style  » à la fois sérieux et drôle « . Avec 17 000 pages vues en décembre,  » une petite audience, mais prometteuse pour un démarrage « , le site ne ressemble à rien d’existant, mais s’inspire volontiers de Slate.fr (magazine en ligne d’analyses décapantes, pas de scoops ni de révélations) pour son mode de traitement de l’info  » décalé « . Comme ce regard que Frédéric Legrand peut poser sur les choses, une manie que son entourage attribue à son  » côté belge « .

Un paradoxe pour celui qui ne s’est jamais senti aussi proche de son pays ailleurs à l’étranger.  » Ce qui m’a choqué en France, c’est ce côté « on se prend au sérieux », l’absence d’autodérision qu’on trouve en Belgique. Mais les Marseillais, c’est tout le contraire, limite ils en rajoutent ! » La bouillonnante Massilia ne l’a donc jamais trop dépaysé : de ses habitants  » déjantés  » à son Quai des Belges, en passant par les Goethals et autre Gerets qui ont brillé à l’OM, sans oublier ces quartiers pauvres en centre ville  » comme à Bruxelles « , ville que les politiques locaux ne cessent de  » citer en exemple « , et  » son premier tramway qui fut bruxellois « … Marseille n’a jamais été aussi proche de la Belgique. Il était donc normal, dans le fond, qu’Albert II (le pseudo de Frédéric pour signer ses articles) y implante son trône. Long règne à lui !

www.chez-albert.fr

FRÉDÉRIQUE JACQUEMIN

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