CES FRANçAIS D’à CôTé QUI FONT LE MARCHé. FAISAIENT ?

Avec 8 000 habitants au compteur, Kain est le plus important village de l’entité. Et la cité dortoir par excellence de Tournai. A deux pas du nouveau stade Luc Varenne, et du tout frais Espace Wallonie picarde, la richissime famille Mulliez, notamment propriétaire des hypermarchés Auchan, a fait construire une impressionnante bâtisse. Les fortunes françaises, ce n’est pas nouveau, ont quelquefois choisi de traverser la frontière pour échapper à la pression fiscale. En dopant le marché au point de le soumettre à l’influence des acheteurs hexagonaux.

 » Par le passé, raconte le bourgmestre Massy, des Français venaient à Tournai en sonnant tout simplement aux portes des maisons qui leur plaisaient. Ils demandaient aux propriétaires s’ils vendaient. Devant les sommes proposées, certains se sont laissés tenter. Je me rappelle également du cas d’un Français qui survolait la zone en hélicoptère et a choisi une propriété qu’il s’est ensuite offerte pour y établir un restaurant. « 

D’après les chiffres officiels, pas moins de 4 500 Français auraient élu domicile à Tournai. Mais de flux ininterrompu, il n’en est pourtant manifestement plus question. La source semble se tarir.  » Il y a moins de Français, c’est certain. Ils ont beaucoup acheté, il y a quatre ou cinq ans, parce que le coin est agréable et qu’ils voulaient échapper à l’impôt sur les grosses fortunes. Mais à Tournai, tous ceux qui devaient venir sont venus. Le prix de l’immobilier, dans la région de Lille, a diminué de 30 %. Il n’y a plus forcément d’intérêt à traverser la frontière, sauf si, à prix égal, on recherche une qualité de vie supérieure comme peut l’offrir Tournai « , prétend le notaire Van Roy, dont l’étude est sise dans la commune de Pecq, contre la frontière, à l’instar des villages de Templeuve, Néchin, Marquain ou Blandain et leurs facilités autoroutières.

Le nord-est surtout

 » La présence des Français s’est en effet fort calmée, ce qui ralentit le marché. Les ventes sont plus laborieuses et les vendeurs n’ont pas encore intégré le fait que les prix se tassent « , acquiesce le notaire Alain Henry, qui officie à Estaimbourg (entité d’Estaimpuis), où les prix au mètre carré, pour les terrains, sont les plus élevés de la région (120 euros/m2 en moyenne).

Facilité d’accès, proximité avec la France : les communes du nord-est de Tournai partent avec des sérieux atouts dans leur jeu. Comme dans n’importe quel marché immobilier, la proximité des axes de communication est un plus non négligeable à l’heure de négocier un compromis.

En parlant de facilités de mobilité, le gros caillou dans la chaussure de Tournai, en tout cas de son marché immobilier, est peut-être son réseau de chemin de fer. La liaison avec Lille n’a rien d’une sinécure et coûte cher. Les voisins d’outre-Quiévrain ont eu beau pousser le marché vers le haut au cours de ces dernières années, cette absence de véritable facilité ferroviaire n’est pas à comptabiliser dans la colonne  » bons points  » de la ville. Au niveau des autorités de la ville, on jure que tout est mis en £uvre, notamment via la SNCB, pour remédier au problème. Car on sait que les Français ont un rôle majeur à jouer dans la pièce immobilière de Tournai.

Si la plupart des professionnels et des politiques interrogés confirment ce ressac de la vague française, il en est un qui ne partage pas le constat. Spécialisé dans les immeubles haut de gamme, le courtier Patrick Froment, établi à La Glanerie (Rumes), travaille encore avec des frontaliers.  » Je peux vous dire que nous avons une nouvelle vague de Français depuis deux mois. Je viens encore de vendre un appartement de luxe à un frontalier. Dans mon segment, ils sont toujours bel et bien présents. Le cas typique est celui du Français qui vend sa société et s’installe dans une belle résidence en Belgique. Ils ont des budgets importants et veulent du haut de gamme. La région de Tournai bénéficie de deux avantages majeurs : beaucoup moins de délinquance, et un régime fiscal qui est plus avantageux pour les Français aisés. Cela dit, le jour où l’Europe harmonisera sa politique fiscale, on risque de réellement sentir la différence.  » Que Patrick Froment se rassure : avant les élections, pas de risque…

G.V.

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