Cellules souches Le réparateur universel

Contrairement aux cellules  » ordinaires  » de l’organisme, les cellules souches ont la capacité de se multiplier indéfiniment, comme les cellules cancéreuses. Elles sont aussi  » indifférenciées « , et ont le pouvoir de donner naissance à plusieurs types de cellules, capables de fonctionner dans tel ou tel organe ou tissu (foie, pancréas, peauà).

Les promesses de ces  » matrices  » biologiques paraissent ainsi quasi illimitées. En voici quelques exemples.

Réparer les dents

Au laboratoire de la faculté de chirurgie dentaire de Paris, le Pr Michel Goldberg a réussi à régénérer des dents d’un rat en réactivant des cellules souches présentes dans la pulpe dentaire, grâce à une molécule baptisée  » peptide A-4 « . Au bout de nonante jours, la cavité est remplie par un nouveau tissu. Les premiers essais sur l’homme sont programmés d’ici à cinq ans.

Réparer le c£ur

A l’hôpital Erasme, comme à celui d’Alost et à la KUL ou ailleurs dans le monde, on tente de réparer les séquelles d’un infarctus en y injectant des cellules souches. Certaines équipes utilisent celles issues de prélèvements dans la moelle osseuse, d’autres sélectionnent celles des muscles, ou encore, comme à Erasme, privilégient celles issues du sang.  » Les résultats actuels sont encore très faibles, admet le Dr Guy Berkenboom (Erasme) et de nombreux points restent à élucider, comme par exemple la quantité de cellules à injecter et le délai idéal pour le faire.  » Une des pistes envisagées consisterait à améliorer l’efficacité des cellules souches grâce à leur manipulation génétique.

A la clinique universitaire de Munich (Allemagne), le chirurgien Ralf Sodian fabrique des valves cardiaques à partir de cellules dérivées de sang de cordon ombilical. Déposées sur une structure en matériau biodégradable, elles se développent en formant un tissu cardio-vasculaire qui pourrait être réimplanté dans un c£ur défaillant.

Soigner des maladies génétiques

A l’hôpital parisien Saint-Vincent-de-Paul, le Pr Patrick Aubourg soigne des enfants atteints de leucodystrophie (une pathologie héréditaire des lymphocytes qui affecte gravement le système nerveux) en leur injectant des globules blancs traités à l’aide de cellules souches prélevées dans la moelle osseuse. Au bout de plusieurs mois, environ 30 % des lymphocytes des enfants sont redevenus normaux.

Faire repousser la peau

On soigne les grands brûlés avec de la peau produite en éprouvette à partir de cellules souches extraites de l’épiderme adulte.  » Leur potentiel de prolifération est extraordinaire, s’enthousiasme un spécialiste. A partir d’un prélèvement de la taille d’un timbre-poste, on peut obtenir un revêtement cutané intégral d’un être humain, soit près de 2 mètres carrés.  » A l’université de Modène (Italie), une équipe dirigée par le Dr Michele De Luca est parvenue à remplacer l’épiderme d’un patient atteint de plaies chroniques à l’aide de greffons de peau obtenus à partir de cellules souches.

Soigner le diabète

A l’université de Newcastle (Grande-Bretagne), le biologiste français Nicolas Forraz est parvenu à transformer des cellules souches de sang de cordon ombilical en cellules productrices d’insuline, ce qui ouvre de nouvelles perspectives pour le traitement du diabète insulinodépendant.

Fabriquer des cellules souches à partir de cellules adultes

Deux équipes de chercheurs, dirigées l’une par le Japonais Shinya Yamanaka (université de Tokyo), l’autre par l’Américain James Thomson (université du Wisconsin), ont mis au point, en 2006, une technique révolutionnaire qui permet de faire retourner à leur état embryonnaire des cellules de peau prélevées sur des individus adultes. Ces  » cellules souches pluripotentes induites  » (iPS) peuvent se développer dans n’importe quel type d’organe ou de tissu pour le régénérer.

Soigner la maladie de Parkinson

Au Whitehead Institute, à Cambridge (Massachusetts), le biologiste Rudolf Jaenisch est parvenu, en avril 2007, à réduire les symptômes de la maladie de Parkinson chez des souris traitées en leur injectant dans le cerveau des neurones issus de cellules de peau adultes revenues à l’état de cellules souches. En décembre de la même année, Jaenisch a annoncé avoir guéri des souris atteintes d’anémie falciforme (maladie des globules rouges) en utilisant la même technique.

Fabriquer des organes

A San Francisco, des chercheurs de la firme américaine Genentech ont réussi pour la première fois à reconstituer un organe entier – une prostate de souris – à partir d’une seule cellule souche greffée dans un rein de l’animal.

Faire remarcher

les paralysés

Au University College, à Londres, le Dr Geoffrey Raisman a pu restituer un  » début de motricité  » à des patients paralysés d’un membre à partir de cellules gliales du bulbe olfactif. Aux Etats-Unis, la société Geron s’apprête à greffer des précurseurs de neurones de la moelle épinière issus de cellules souches f£tales. l

La liste des produits d’origine humaine utilisés en médecine ou en pharmacie ne cesse de s’allonger. Elle comprend, prélevés sur des personnes en coma dépassé ou, dans certains cas, sur des donneurs vivants, aussi bien des organes entiers (rein, poumon, c£ur, foie) que le sang et ses dérivés, les cellules souches placentaires, la moelle osseuse, les membranes de placenta (utilisées en ophtalmologie, pour aider à cicatriser les greffes de cornée), les veines récupérées lors d’interventions sur les varices (recyclées en fistules pour les dialysés), les fragments d’os broyés (transformés en pâtes et mastics pour la reconstruction orthopédique) ou les ligaments de ménisque pour réparer les genoux des sportifsà l

G.C. (et P.G.)

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