Ce que gagnent les politiques

Hommes et femmes politiques ne touchent pas des salaires, mais des indemnités de fonction. Pour un travail difficilement mesurable…

La politique frise parfois le sacerdoce. Ainsi, le Premier ministre Herman Van Rompuy et ses deux vice-Premiers gagnent un peu plus de 210 000 euros brut par an, mais pour combien de journées interminables et de nuits blanches ? Pis, leurs salaires sont sans commune mesure avec ceux des managers qu’ils nomment à la tête de Belgacom (dix fois plus !), La Poste ou la SNCB. Au moins Herman Van Rompuy peut-il se réjouir de gagner près de 60 % de plus que son homologue néerlandais, mais il est bien moins loti que le Britannique Gordon Brown ou le Français François Fillon. Quant aux ministres belges, ils ont droit à environ 200 000 euros brut par an et les secrétaires d’Etat à 180 000 euros brut. A ce montant, il faut ajouter la prime de fin d’année, le pécule de vacances, une voiture avec chauffeur, les indemnités de logement… Les ministres fédéraux gagnent presque autant que les ministres-présidents.

Les parlementaires, eux, touchent un peu plus de 79 500 euros brut annuels, dont environ le quart échappe à l’imposition, sans oublier le pécule de vacances et la prime de fin d’année. Il leur reste en net l’équivalent de 3 562 euros mensuels, auxquels s’ajoutent 1 855 euros de frais forfaitaires. Pour un député provincial, les indemnités sont identiques, mais il disposera d’une voiture, d’un chauffeur et de trois personnes pour son cabinet. Injustice ? C’est oublier que les députés provinciaux ont des fonctions exécutives plus proches de celles d’un ministre que d’un parlementaire. A noter qu’une partie de la rémunération est habituellement ristournée au parti : chez Ecolo, cela peut aller jusqu’à 40 %.

Les fonctions de président ou vice-président de la Chambre et du Sénat permettent également de mettre du beurre dans les épinards. Lorsque le cartel CD&V/N-VA s’est scindé, Bart De Wever a perdu la vice-présidence de la Chambre, soit près du tiers de son salaire. Quant aux chefs de groupe, ils perçoivent un supplément de 2 300 euros brut mensuels. Le parlementaire peut cumuler son revenu avec d’autres fonctions si le total de ses autres rémunérations publiques n’excède pas une fois et demie son traitement. Et gare aux brosseurs : les indemnités diminuent si le parlementaire est absent pour plus de 20 % des votes soumis à son assemblée.  » Nos salaires sont confortables sans être mirobolants, témoigne un sénateur. Notre vie est précaire, il faut se représenter tous les quatre ans. Et une campagne, ça coûte cher !  » Mais le prestige et le pouvoir n’ont pas de prix…

Quant aux eurodéputés, ils touchent l’équivalent des indemnités perçues par les parlementaires de leurs pays respectifs. D’où des disparités importantes entre un Hongrois (840 euros mensuels), un Belge, et surtout un Italien (12 434 euros) ! Mais cela va changer : à partir de 2014, les eurodéputés seront tous alignés sur le même salaire, à savoir 7 000 euros. Ils peuvent également compter sur une enveloppe supplémentaire de 3 785 euros mensuels de frais de mandat et des indemnités confortables lors de leurs déplacements.

Au niveau communal, un bourgmestre d’une grande ville gagne plus qu’un parlementaire, soit près de 115 000 euros annuels. Le montant des indemnités perçu dans le cadre des autres activités ne peut excéder une fois et demie le montant du traitement d’un parlementaire, et cela vaut aussi pour les échevins et les conseillers communaux. Chaque année, ces mandataires doivent mentionner dans une déclaration tous leurs mandats ou professions exercées au cours de l’année précédente, et pas seulement dans le secteur public. Des contrôles assortis de sanctions peuvent mener jusqu’à la déchéance et l’inéligibilité.

François Janne d’Othée

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