Cancun : des pistes pour la forêt

Le climat sera à nouveau au centre d’un sommet des Nations unies qui se tiendra au Mexique, à Cancun, du 29 novembre au 10 décembre. De bonnes résolutions en perspective ? Voire…

Après les ratés du sommet de Copenhague sur les changements climatiques, à la fin de l’année dernière, que faut-il espérer du rendez-vous de Cancun, qui commencera dans quelques jours ? Depuis la grand-messe danoise, le mythe d’un véritable accord mondial a volé en éclats. Et, malgré le consensus atteint à Nagoya, dans le cadre de la Conférence des Nations unies sur la biodiversité, les signes annonciateurs de réels progrès au Mexique sont particulièrement rares.

De Copenhague, seul a survécu l’accord minimaliste reconnaissant le changement climatique comme l’un des plus grands défis de notre temps et soulignant la nécessité d’une forte volonté politique afin d’éviter de dépasser les 2° C de réchauffement au-delà desquels le danger s’aggraverait dramatiquement. Un peu maigre.

Désormais, les 192 pays parties prenantes à la Conférence devraient négocier concrètement un nouvel accord, contraignant, de lutte contre le réchauffement climatique pour l’après-Kyoto. L’accord de Kyoto, en £uvre depuis 2005, s’arrête en effet aux premiers jours de 2013. Il prévoyait un objectif de réduction des émissions de CO2 des pays industrialisés de 5,2 %, à la fin de 2012, par rapport à 1990. Les Etats-Unis n’ont jamais signé ce protocole.

Mais l’ambition semble limitée à Cancun, qui ne devrait constituer qu’une étape de la négociation. Pour aboutir, sérieusement cette fois, en 2011, à Johannesburg.

En attendant, à Cancun, les négociateurs reparleront de la lutte contre la déforestation, qui concerne des dizaines de millions d’hectares chaque année sur la planète. Le programme REDD – réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts – part d’un constat simple : pour réduire un phénomène à l’origine de plus de 20 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, il faudrait que la forêt fût plus rentable sur pied que coupée.

D’où l’idée de rétribuer les acteurs impliqués dans sa gestion, en échange d’une réduction des émissions de CO2 dues à leurs activités forestières. Mais cette formule risque d’exclure les communautés locales car les Etats possédant ces forêts tropicales peuvent chercher à capter cette manne au détriment des peuples indigènes. Nombreux aussi sont ceux qui craignent que l’engouement des pays du Nord pour ce mécanisme soit surtout dû au fait qu’ils trouveront là le moyen de maintenir leurs émissions industrielles en les compensant à bas coût auprès des pays en développement disposant d’un patrimoine forestier. Les rétributions pourraient, par ailleurs, atteindre annuellement près de 35 milliards de dollars. Un pactole qui suscite bien des convoitises…

Autre point de discussion : le financement de la lutte contre les changements climatiques dans les pays pauvres. Le groupe de travail créé à l’initiative de l’ONU pour se pencher sur cette question vient de rendre un rapport dans lequel il propose des pistes de réflexion comme une taxe sur les émissions de CO2 du transport international aérien et maritime, la vente aux enchères de quotas d’émission de CO2 ou la mise en place d’une taxe sur le carbone. Sur ce point, les négociateurs devraient enregistrer quelques progrès. Il est d’ores et déjà acquis, depuis Copenhague, que les pays industrialisés accordent une enveloppe de 10 milliards de dollars par an aux pays en développement, jusqu’en 2012. Cette somme sera portée à 100 milliards de dollars à partir de 2020. Reste à concrétiser, là encore.

RICHARD DE VENDEUIL ET LAURENCE VAN RUYMBEKE

PLUS DE 20 % DES GAZ À EFFET DE SERRE ÉMIS SONT DUS À LA DÉFORESTATION

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire