C’est urgent

de Christine laurent

Le rideau est tombé. Et déjà ils s’inquiètent. Hantés par le spectre du retour du communautaire, les patrons s’affolent. Normal. Avec la crise qui, déjà, plombe le business, notre pays ne peut guère se payer le luxe d’une nouvelle guérilla entre les Régions. Vite fait, bien fait, ils plaident pour une mise en place, d’urgence, des coalitions régionales. Avant que les tensions  » indépendantistes  » de certains ne viennent embraser le gouvernement fédéral.

Les voilà tous face à face, toutes griffes rentrées, pour tenter des ententes, un programme commun, des objectifs qui tiennent la route pour quatre ans. Un casse-pipe dans le nord du pays. Un exercice tout aussi délicat à Bruxelles et en Wallonie où les Ecolos donnent désormais le ton, imposent leurs diktats. Au c£ur de la stratégie des verts, un mini-olivier avec un CDH plus que consentant et miraculeusement remis en selle, un jeu de cache-cache avec le PS et de vrais-faux contacts avec le MR. De la haute voltige. Olivier ou jamaïquaine ? Un suspense en toc qui permet de faire monter la pression. On le sait bien, Didier Reynders a perdu la partie. Le désir trop intense de frapper la cible peut conduire, aussi, droit dans le mur. Olivier en Wallonie, olivier à Bruxelles, la formule a le mérite de consolider les liens entre francophones, une asymétrie pouvant se révéler pour le moins hasardeuse, si ce n’est carrément catastrophique.

Car les jeux, en Flandre, sont loin d’être clairs et les négociations s’annoncent bien chaotiques. Au centre de l’échiquier, celui précisément qui fait trembler les patrons, Bart De Wever, le spécialiste de la provoc’ communautaire, l’homme aux Scud systématiquement dirigés contre la Rue de la Loi, plus que jamais pressé d’en découdre avec les francophones. Pas indispensable pour constituer une majorité, mais bien encombrant avec ses incessantes revendications, ses flamboyants anathèmes contre l’Etat fédéral. Davantage d’autonomie radicale pour les Régions, tel est son credo. A en croire ses résultats électoraux brillants, il est suivi. De quoi faire frémir le Premier ministre, Herman Van Rompuy, lui qui rêve de trêve jusqu’à la fin de la législature, le temps d’assainir les finances publiques et de trouver une solution pour BHV. Que faire de De Wever ? La question est lancinante pour le Premier ministre. Certes, son parti, le CD&V, entrouvrirait bien la porte du gouvernement flamand au jusqu’au-boutiste (pour mieux l’étouffer ?) mais, pour l’Open VLD, c’est clairement  » neen « . Normal : les échauffourées et passes d’armes institutionnelles tapent vraiment sur les nerfs de son président ad interim, Guy Verhofstadt . Au Nord, donc, on tourne en rond et cela ne fait pas l’affaire des citoyens.

Pour preuve : les propos sans ambiguïté du gouverneur de la Banque nationale, Guy Quaden, ce mardi. Pour ceux qui feindraient de l’ignorer, notre économie est bel et bien en récession, notre dette frôlera bientôt les 7 milliards d’euros, le chômage grimpe dangereusement, bref, c’est l’alerte rouge. Notre pays peut-il s’offrir une nouvelle guerre des tranchées communautaire qui paralyserait davantage encore l’indispensable stratégie de relance ? Sauver les meubles du fédéral le temps d’une négociation sereine sur BHV et la nécessaire réforme de l’Etat… qui s’en plaindrait ? Certainement pas les patrons. Car le temps presse.  » Nous sommes dans l’après-Fortis. La preuve a été faite qu’une catastrophe pouvait se produire et rien ne bouge « , dénonce dans les colonnes du Vif/L’Express, cette semaine, Geert Noels, l’un des oracles les plus réputés de la planète Economie. Mais qui, aujourd’hui, écoute encore les oracles ?

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