» C’est maintenant qu’il faut prendre des parts de marché « 

Les investissements étrangers en chute libre, les exportations qui peinent, c’est le lot de tous les pays développés. Mais la Wallonie passe assez bien la crise, affirme Philippe Suinen, éternel optimiste. Le patron de l’Awex (Agence wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers) et de WBI (Wallonie Bruxelles International), explique pourquoi la Région wallonne souffre plutôt moins que ses voisines.

Le Vif/L’Express : Qu’est-ce qui explique ce constat ?

> Philippe Suinen : L’économie wallonne est surtout constituée de PME qui ont plus de souplesse, plus de capacité d’innovation, et, c’est un élément neuf, plus de capacité à fidéliser leurs relations d’affaires. Leurs responsables sont passés d’une humilité exagérée, la crainte d’apparaître vantards, à une fierté conviviale. Il y a dix ans encore, lors de réceptions officielles, par exemple dans une ambassade à l’étranger, les Wallons se regroupaient entre eux dans un coin. Maintenant ce n’est plus le cas : la nouvelle génération est jeune, décomplexée, volontariste, avide de réaliser des affaires, et fait montre de belles capacités linguistiques.

Il y a tout de même une chute des exportations ?

> Au premier trimestre, la chute a été de l’ordre de 18 % (22 % en Flandre). Mais la frayeur de la crise est passée. C’est maintenant qu’il faut prendre des parts de marché. Heureusement, nous avions déjà mis l’accent sur les pays émergents, comme la Chine, l’Inde ou le Brésil, des pays qui ont déjà retrouvé la croissance. La Sonaca n’est pas représentative de la tendance générale, elle a souffert du caractère cyclique des grands programmes aéronautiques.

Mais les investissements étrangers se raréfient…

> Nous subissons effectivement un petit ressac sur le plan des investissements étrangers, mais moins important, semble-t-il, que chez nos voisins. Nous enregistrons, par rapport à l’an dernier, environ les trois quarts du nombre de dossiers et de promesses d’emploi. La Wallonie garde en effet une grande attractivité, grâce à sa situation géographique bien sûr, à ses infrastructures et à sa logistique, mais grâce aussi à notre capacité à dérouler le tapis rouge en temps réel. Dès qu’un projet se pointe, les intercommunales de développement, qui gèrent les parcs d’activité économique, sont averties et disent leurs disponibilités. Dans les huit jours, nous pouvons alors apporter une réponse au candidat investisseur, en lui communiquant en outre les mesures fiscales ou les dispositifs d’aides qui le concernent. Nous avons enregistré de beaux succès, comme la venue de Google (Saint-Ghislain), Microsoft (Mons), Baxter (Lessines), Fedex (La Hulpe), ou encore H&M, la marque de vêtements suédoise (Ghlin-Baudour), qui a récemment confirmé l’installation de son centre de distribution pour le sud de l’Europe et la création, à terme, de plus de 700 emplois.

Le gouvernement wallon PS-Ecolo-CDH a décidé de mettre le paquet, dans le plan Marshall 2. Vert, sur les nouvelles technologies environnementales, et sur une première alliance emploi-environnement consacrée à l’amélioration des bâtiments. Ce n’est pas exportable, cela…

> Les préoccupations environnementales étaient déjà présentes dans les autres pôles de compétitivité. Ceux-ci, en mettant l’accent sur les secteurs dans lesquels la Wallonie était déjà forte et vise l’excellence, contribuent à la création d’une réelle notoriété. La Wallonie a ainsi de plus en plus de contacts avec des régions qui se sont lancées dans le même processus. Par exemple avec la région Rhône-Alpes, engagée, comme nous avec le pôle Biowin, dans les sciences du vivant. Mais par ailleurs, les technologies environnementales sont bel et bien exportables : la chimie verte, les plastiques biodégradables, les matériaux d’isolation, les techniques d’assainissement sont plus que de simples niches. Balteau (Sprimont) épure des eaux au Vietnam et en Côte d’Ivoire, Rutten (Herstal) installe des hydroliennes (centrales électriques flottantes) au Congo…

Le cinéma belge s’est fait connaître dans le monde entier. C’est une valeur ?

> Il faut se rendre compte que l’industrie culturelle pèse tout de même plus de 2 % du PIB. Le cinéma ou la musique belges francophones s’exportent bien, le design et la mode percent. Nous faisons pour l’instant un effort sur l’architecture, en coachant des bureaux sur l’exportation. Nous pourrons peut-être un jour inaugurer une gare prestigieuse en Espagne…

ENTRETIEN : MICHEL DELWICHE

 » DANS LES HUIT JOURS, NOUS POUVONS APPORTER UNE RÉPONSE AU CANDIDAT INVESTISSEUR « 

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