Anne-Sophie Bailly © HATIM KAGHAT

C’est grave docteur ?

Les Bourses étaient grippées. Depuis le début de la semaine, elles sont contaminées. Quel diagnostic poser sur ce brusque accès de fièvre vendeuse qui s’est emparé d’elles ?

Les symptômes. En premier lieu : une réaction allergique. A l’incertitude. Les investisseurs la fuient comme la peste. Or, face à cette pandémie, les questions restent nombreuses. Le coronavirus va-t-il muter (lire page 24) ? L’arrivée du printemps stoppera-t-elle l’épidémie ? Les mesures prises s’avéreront-elles efficaces ?

Ensuite, un manque soudain d’appétit. Pourtant, la faim des investisseurs pour les titres – aiguisée par une absence d’alternative en cette période de taux bas – semblait sans fin. Jusqu’à atteindre la saturation, la bulle financière, la surévaluation des cours. Un virus vient de leur rappeler que le risque et l’indigestion existent.

La durée. Quelle sera la durée de la convalescence, docteur ? C’est ce qui inquiète le plus les milieux financiers. OK pour un certificat médical de trois mois et après, back to business. Comme en Chine, espère-t-on, où le pic de l’épidémie est passé et la Bourse de Shanghai a limité la casse. Les entreprises peuvent tenir le coup. A court terme, en tous cas.

Le remède. Pour le moment, les banques centrales jouent les urgentistes. La Réserve fédérale américaine a sorti son kit de premiers soins, abaissé ses taux et offert aux entreprises une bouffée d’air frais qui éloigne le risque de faillite. La BCE peut difficilement appliquer un remède similaire. Mais pourquoi pas un dérivé qui éviterait l’asphyxie des entreprises, dont les dettes sont déjà particulièrement élevées ? Sous peine de quoi la contagion serait inévitable. Avec les banques en première ligne. Elles qui disent déjà souffrir de taux d’intérêt plancher. Des taux justement fixés par la BCE. Il va donc falloir que les autorités monétaires rédigent subtilement leur ordonnance.

Quel diagnostic poser sur le brusque accès de fièvre vendeuse qui s’est emparé des marchés financiers ?

La revalidation. Ensuite, ce sera aux autorités politiques de prendre le relais. Avec des mesures de soutien aux entreprises et de relance de la consommation. A nouveau, c’est la durée de la revalidation qui sera déterminante. Le consommateur – confiné, mis en quarantaine, limité dans son quotidien -va-t-il se rétablir complètement (et consommer comme avant) ? Son comportement va-t-il changer profondément (lire page 26) ?

Il faudra surtout qu’il reprenne confiance. Ce n’est qu’à cette condition que la croissance économique ne prendra pas le chemin des soins palliatifs.

Bon rétablissement.

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