Bulles d’ère

Sexe, religion, guerre et égo: les auteurs de BD auront fort à faire en 2010.

Le sang des dessinateurs se serait-il brusquement réchauffé? Celui des éditeurs, en tout cas, bouillonne depuis quelques mois. Delcourt en tête, qui, dans sa collection Erotix, nous a servi son lot de friponneries, dues à Guido Crepax (Emmanuelle), Franck Thorne (Iron Devil) et Magnus (Les 110 Pilules). En attendant, début 2010, deux séries classiques de la BD érotique italienne: Sam Bot (Franco/Buzzelli) et Casino (Venturo/Frollo). Toujours au rayon des Grands Anciens, difficile de ne pas citer la réédition de Milo Manara chez Glénat/Drugstore, avec ses Déclic et Parfum de l’Invisible en couleurs. En version humour, enfin, citons Zep, puisque le père de Titeuf s’est offert en octobre dernier l’incartade d’un Happy Sex chez Delcourt.

Le patrimoine littéraire continue et continuera d’inspirer nos auteurs, notamment dans l’incontournable collection Ex-Libris de Delcourt, où l’on attend, en 2010, Les Contes d’Hoffmann ( Le Violon de Crémone) et le tome 4 d’ Oliver Twist en janvier, puis un Dom Juan en février. La Bible, elle, est restée un morceau de choix pour le 9e art en 2009, tant dans son Ancien que son Nouveau Testament (Delcourt toujours), sans oublier la Genèse (voir illustration) de l’iconoclaste Robert Crumb (Denoël Graphic).

Dans une tonalité plus dramatique, la Première Guerre mondiale a eu les honneurs de plusieurs séries. Chez Casterman, le passionnant Tardi a pétri cette matière difficile dans son Journal de Guerre et un Putain de Guerre!, s’offrant une terrible  » gueule cassée  » en couverture. Deux séries à suivre de près, chez Delcourt cette fois: Le C£ur des batailles de Morvan/Kordey et Les Sentinelles de Dorison/Breccia. Deux façons très originales de réinvestir un conflit mondial finalement si méconnu…

Les bédéistes, enfin, ne semblent pas prêts de bouder leur nombril. Gageons que les petites et grandes histoires, récits du dérisoire ou du douloureux personnels, continueront de nourrir des collections où le pire côtoie le meilleur. Côté humour, les Notes de Boulet resteront incontournables, tandis qu’en début d’année deux autres titres de Delcourt s’avèrent plutôt prometteurs: le Journal d’Italie de David B., ainsi que Ma Voie de Père, où le mangaka Hiroshi Hirata, spécialiste de l’Histoire à leçons, livre un propos semi-autobio, lui qui, à l’occasion, n’a jamais rechigné à se mettre en scène – et en abyme – dans ses précédents livres.

vincent degrez

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