Bientôt l’assiette 100 % bio ?

On en est loin. Mais bien des efforts vont dans ce sens.

Paniers de fruits et légumes bios, chaînes de magasins spécialisés, rayons dédiés dans les supermarchés et adeptes d’une alimentation plus saine essaiment partout. Selon l’asbl BioForum, 18 % des Belges achètent au moins un produit bio tous les dix jours et 89 % au moins une fois par an. Une tendance, pas encore une révolution.

Née il y a une trentaine d’années, l’agriculture biologique gagne chaque année en popularité mais c’est plus massif depuis 2010. Vache folle, poulet à la dioxine ou, tout récemment, boeuf aux accents chevalins, les crises qui touchent l’industrie agroalimentaire participent en partie à cet engouement. Au point que les grandes surfaces comme Colruyt, Carrefour ou Delhaize sont devenues le mode de distribution du bio privilégié par les consommateurs (47 %). Marc Fichers, secrétaire général à la fédération d’agriculteurs Nature & Progrès :  » On est face à un développement important des deux formes de bio, celui produit par les agriculteurs autonomes et l’autre venant des grandes surfaces. Il n’y a pas de raison que cela s’arrête.  »

Il y a pourtant du pain sur la planche.La surface bio cultivée en Belgique représente 4,1 % de la superficie agricole utile totale, contre 3,6 % en 2010. Le bio gagne du terrain en Wallonie (7 %) mais peu en Flandre. En 2010, la surface cultivée en bio dans l’Union européenne était de 5,1 %. Le tout bio chez nous n’est donc pas pour demain, ni même pour 2020. Mais on s’oriente tout de même vers une agriculture plus naturelle.

Petits producteurs contre agriculture intensive

L’avenir des petits exploitants prêts à passer au bio serait en tout cas garanti :  » Il y a assez de travail pour tout le monde car on manque de cultivateurs, avance Serge Peereboom, maraîcher de longue date. La concurrence n’est pas un problème car il y a plus de demande que d’offre en bio, labellisé ou pas. « C’est l’une des explications aux prix globalement plus élevés des produits bios – l’autre étant surtout liée à l’absence d’économies d’échelle et aux pertes plus importantes, en l’absence de traitement chimique des cultures et élevages.

S’ils veulent durer,  » les fermiers travaillant de manière naturelle doivent maîtriser la commercialisation de leurs produits et la fixation de leurs prix, de manière à être totalement autonomes « , ajoute Marc Fichers. La diversification, les aides de l’Etat et le soutien des autorités les aideraient aussi. C’est le pari fait en Wallonie :  » Un plan stratégique de développement de l’agriculture biologique déposé par le ministre de l’Agriculture Carlo di Antonio a été approuvé par le gouvernement wallon « , souligne Sylvie Morcillo, secrétaire générale de BioForum Wallonie. Encadrement, recherche, formation et promotion constituent les axes majeurs de ce plan à l’horizon 2020.

Indispensable, considère Sylvie Morcillo, car tous les ans, une centaine d’agriculteurs wallons (sur un millier à l’heure actuelle) passent du conventionnel au bio car ils veulent une meilleure qualité de vie, préserver leur santé et une plus grande emprise sur leur travail.

PHILIPPE BERKENBAUM ET ANNABELLE DUAUT

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire