Pierre Havaux

Vent du Nord de Pierre Havaux: Basta Unia! Et puis, quoi? (chronique)

Pierre Havaux Journaliste au Vif

Le ministre libéral parlait sous le contrôle du puissant partenaire de la coalition, la N-VA. C’est elle qui voulait et qui a eu la peau d’Unia en Flandre.

Unia est (quasi) mort, vive l’Institut flamand des droits humains! Un changement de règne qui s’annonce sous de sombres auspices et la joyeuse entrée est d’ores et déjà bien compromise. Le successeur désigné de l’outil fédéral de lutte contre la discrimination et de défense de l’égalité des chances ne croule pas vraiment sous les mots de bienvenue. Avant même de faire ses premiers pas dans la vie, il vient d’encaisser neuf avis négatifs, rendus par ce que la Flandre compte en organes consultatifs porteurs de la voix des mondes de l’enseignement, des seniors, de la famille, de la jeunesse, des universités, des personnes handicapées. Poids lourd de la catégorie, le Serv pour Conseil socio-économique de Flandre et bras armé de la concertation sociale, a traduit haut et fort l’aspiration commune: laissez-nous Unia, alstublieft.

C’est ce qui s’appelle faire l’unanimité contre soi avant d’avoir pu faire ses preuves. Pourquoi tant de haine? Pour des tas d’objections, la conviction ambiante est que la cause des droits humains et des victimes de discrimination en Flandre ne pourra que pâtir du passage de témoin.

Le choeur des lamentations ne pouvait laisser insensible Bart Somers (Open VLD), porteur du projet sous sa casquette de gestionnaire du vivre-ensemble. Il lui appartient de faire face aux critiques et de tenir front à cette opposition parlementaire de gauche qui presse le gouvernement dont il fait partie de sortir de sa cécité idéologique. Le ministre a fait son devoir avec d’autant plus d’abnégation que « cette réforme n’est pas mon choix ni celui de mon parti », comme il l’a volontiers confessé devant les députés. Seulement voilà, la loyauté gouvernementale ne peut être un vain mot. Il faut savoir prendre sur soi et sortir d’une polémique par le haut. Alors, au-delà de l’engagement à ne pas rester sourd aux appels des protestataires, autant s’agacer de cette pluie de remontrances. Mieux vaut y voir la manifestation d’un « conservatisme larvé qui va trop loin », la triste expression de cette « peur du changement » toujours trop ancrée en Flandre. « Nous sortons d’Unia mais non des droits humains, n’en déplaise peut-être à l’extrême droite », a martelé Bart Somers.

Hors de question de faire marche arrière ou de lâcher sur l’essentiel. Il faut dire que le ministre libéral parlait sous le contrôle du puissant partenaire de la coalition, la N-VA. C’est elle qui voulait et qui a eu la peau d’Unia en Flandre. Basta Unia! Unia buiten! ont exigé les nationalistes flamands de concert avec le Vlaams Belang, pour incompatibilité d’humeur avec un organe à la solde de la gauche et qui porte le masque fédéral comme on souffre d’un vice de construction. Raison suffisante pour que le bloc nationaliste ait récemment zappé ce qui devait être l’ultime prestation d’Unia au parlement flamand, la présentation de son dernier rapport annuel.

Comme l’a rappelé au nom de la N-VA Nadia Sminate, « nous devons mettre un terme au comportement activiste d’Unia qui fait constamment primer son parti pris idéologique sur sa supposée indépendance« . Envoyé au feu, Bart Somers n’a pas montré de signe de faiblesse et a même su trouver les mots qui plaisent aux nationalistes flamands: oser « la force du changement ». Tout un slogan.

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