C'est à cheval que le gardian Jonathan part tôt le matin surveiller son troupeau.

Au rythme des taureaux

En Camargue, des éleveurs de taureaux luttent pour continuer à vivre au milieu de leurs bêtes alors que la modernité et le dérèglement climatique contrarient fortement les élevages et les traditions ancestrales.

Depuis novembre 2014, les photographes Gaëlle Henkens et Roger Job ont choisi de suivre le quotidien de six familles de manadiers (éleveurs de troupeaux en Camargue). Leurs images témoignent d’une culture ancestrale qui érige, dans les villages du delta du Rhône, des statues et des tombes à la gloire de ses taureaux. Loin de la tauromachie espagnole où l’animal est mis à mort, la course camarguaise est avant tout un jeu. Car ici, le dieu, c’est l’animal, pas l’homme qui ne fait que le frôler.

Entre Arles, Montpellier et les Saintes-Maries-de-la-Mer, le taureau est le noyau d’une microsociété. Ces Camarguais perpétuent la tradition rurale en vivant au rythme de leurs ancêtres. A cheval, au pré au milieu des bêtes à cornes, en costume traditionnel dans les fêtes villageoises et les manifestations taurines, ce refus d’une certaine modernité pour eux fait sens et cimente la communauté. Dans ce monde en mutation, c’est le taureau immuable qui fixe l’agenda du temps.

Le reportage complet dans Soleil noir, par Gaëlle Henkens et Roger Job, à paraître aux éditions du Chêne, en mai 2019.

Sébastien Lescot, manadier, embarque les chevaux pour un défilé.
Sébastien Lescot, manadier, embarque les chevaux pour un défilé.
Fin d'hivernage au mas de la manade Lafon (Saint-Nazaire de Pézan). Après un hiver passé dans la garrigue, les taureaux reçoivent une vermifugation par injection sous-cutanée avant d'être rendus aux pâturages. Une opération délicate nécessitant toute l'attention pour se protéger des coups de corne.
Fin d’hivernage au mas de la manade Lafon (Saint-Nazaire de Pézan). Après un hiver passé dans la garrigue, les taureaux reçoivent une vermifugation par injection sous-cutanée avant d’être rendus aux pâturages. Une opération délicate nécessitant toute l’attention pour se protéger des coups de corne.
 » Abrivado « , terme dérivé du verbe occitan  » abrivar  » qui signifie accélérer. Jadis, on conduisait les taureaux au pré en les escortant à cheval. A chaque fête de village, on rappelle cette pratique où les bêtes passaient dans les rues encadrées par les gardians.
Le tri des taureaux est l'activité préférée des gardians et manadiers. La poussière soulevée par les bêtes complique le travail des hommes et des chevaux qui consiste à extraire du troupeau les taureaux choisis pour une course ou une reconstitution historique.
Le tri des taureaux est l’activité préférée des gardians et manadiers. La poussière soulevée par les bêtes complique le travail des hommes et des chevaux qui consiste à extraire du troupeau les taureaux choisis pour une course ou une reconstitution historique.
Arène de Baillargues. La course camarguaise n'est pas une corrida. Ici, des bouts de laine et des ficelles attachées à la base des cornes doivent être happés au vol par des sportifs appelés raseteurs car ils
Arène de Baillargues. La course camarguaise n’est pas une corrida. Ici, des bouts de laine et des ficelles attachées à la base des cornes doivent être happés au vol par des sportifs appelés raseteurs car ils  » rasent  » le taureau. Après ses 15 minutes de course, le taureau retourne dans son marais.
Après deux heures d'habillage et de coiffure, la manadière Aude Raynaud termine sa préparation pour le défilé du 1er mai. Les femmes en costume d'Arlésienne sont de toutes les fêtes.
Après deux heures d’habillage et de coiffure, la manadière Aude Raynaud termine sa préparation pour le défilé du 1er mai. Les femmes en costume d’Arlésienne sont de toutes les fêtes.
En Camargue, on enterre ses champions. Régisseur fut un très grand taureau de course camarguaise. Un
En Camargue, on enterre ses champions. Régisseur fut un très grand taureau de course camarguaise. Un  » monstre de la bouvine  » comme disent les spécialistes. En 1957, il a obtenu le Biou d’or, la distinction suprême qui récompense l’ensemble de sa saison de course.

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