Au MCC, le malaise ne date pas d’hier

Le Mouvement réformateur vient d’étaler ses divisions au grand jour. Décryptage d’une crise qui laissera des traces.

Gérard Deprez n’est pas seulement le président du Mouvement des citoyens pour le changement (MCC). Il en est également le père fondateur. L’incarnation. Le phare. Reconnu pour la qualité de son travail au Parlement européen, Deprez a vécu comme une gifle personnelle l’octroi à Rudy Aernoudt de la 3e place sur la liste MR aux élections européennes, une place qui lui était logiquement dévolue. Deprez a également vu dans cette décision une marque d’irrespect à l’égard du MCC, une des quatre composantes du MR, aux côtés du PRL, du FDF et du PFF (équivalent germanophone du PRL). Le 23 février, dans un communiqué cinglant, gorgé d’amertume, il a dénoncé la  » dérive droitière  » du MR.

Vieux routier de la politique belge, Deprez a mis le MCC sur orbite dans la foulée de la Marche blanche, en 1998. Avec deux objectifs en tête. Un : faire de la politique  » autrement « . Deux : mettre fin à l’hégémonie du parti socialiste et déplacer vers la droite le centre de gravité politique de la Wallonie. Président du parti social-chrétien (PSC, ancêtre du CDH) de 1981 à 1996, Gérard Deprez a d’abord voulu créer un grand cartel de centre-droit avec les libéraux. Mais l’aile gauche du PSC, emmenée par Jean-Jacques Viseur, actuel bourgmestre de Charleroi, sabotera l’initiative. Deprez jouera alors son va-tout en créant le MCC et en l’arrimant au PRL, suivi par quelques fidèles. Ironie de l’histoire : après avoir été marginalisé au sein du PSC, le voilà à présent marginalisé dans sa famille d’accueil, le MR. Piégé par une autre histoire de cartel.

Ici et là, la greffe n’a jamais pris

Au MCC, le malaise couvait depuis longtemps déjà. Plusieurs mandataires regrettent la  » dissolution  » de leur mouvement au sein du MR. Dans plusieurs localités, la greffe n’a jamais pris, et une méfiance réciproque continue d’opposer les militants libéraux pur jus aux MCC étiquetés  » cathos « .  » Quelque part, on dérangeà « , estime Anne Humblet, conseillère communale à Namur.  » Moi, je ne me suis jamais sentie MR, avoue Nathalie de T’Serclaes, conseillère communale à Uccle et vice-présidente du MCC. Vu notre culture sociale-chrétienne, nous travaillons de façon collective. Les libéraux sont beaucoup plus individualistes, et cela se ressent terriblement. Je me rappelle des réunions au comité directeur du PSC : les réunions duraient longtemps, on prenait le temps nécessaire pour échanger nos idées. Mais, chez les libéraux, les réunions, ça n’existe pas ! C’est encore plus vrai depuis que Reynders est président du parti. On ne se réunit plus jamais, sur aucun sujet. « 

François Brabant

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