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Le bilan astronomique des inondations pèsera-t-il sur les primes d’assurance futures ?

L’addition à la suite des inondations crève tous les plafonds autorisés chez les assureurs. Si le secteur a consenti un geste généreux pour les relever, l’indemnisation n’en prendra pas moins du temps. Et les primes futures pourraient s’en ressentir.

Le moins qu’on puisse écrire, c’est que Laurent Leclercq aura été jeté immédiatement dans le grand bain: l’adjoint responsable du service Claims de l’assureur liégeois Ethias est en effet entré en fonction trois jours seulement après le début de la crue. « En vingt-cinq ans de métier, je n’ai jamais assisté à une catastrophe pareille en Belgique », affirme-t-il. D’ailleurs, « selon certains modèles que les assureurs utilisent, ce type de catastrophe ne survient que tous les trois cents à cinq cents ans« .

De quoi apaiser quelque peu les habitants des quartiers inondés, même s’il s’agit là d’une bien maigre consolation pour celles et ceux qui ont tout perdu. « Si l’on regarde l’ensemble du marché des assureurs, 60 000 dossiers de sinistres ont été ouverts la nuit du 14 juillet, avec des dommages estimés à 1,6 milliard d’euros ».

Une addition colossale, qui a notamment eu pour effet de pousser les assureurs sollicités à se réassurer. « En marge de ce mécanisme de réassurance, on peut puiser dans les réserves qu’on constitue tous pour faire face à ce type de catastrophe, sans compter qu’on ne va pas devoir verser l’ensemble des montants puisqu’on arrive assez vite à la limite légale de ce que les assureurs peuvent être amenés à indemniser sur le marché belge », précise Laurent Leclercq. Soit, en l’occurrence, « un montant maximal de 320 millions d’euros à payer, mais on a conclu un accord avec la Région wallonne et accepté de porter ce montant à 590 millions d’euros ».

Composer avec la complexité des dossiers

Un geste généreux susceptible de se répercuter sur les primes des assurés? Soulignant également la décision prise par Ethias d’offrir un soutien psychologique ainsi qu’une provision supplémentaire de cinq cents euros à leurs souscripteurs, « sans justificatif, juste pour leur permettre de se reloger et de racheter vêtements et vivres dans l’urgence », Laurent Leclercq assure que « pour le moment, en ce qui nous concerne, une hausse des primes n’est pas à l’ordre du jour. Mais c’est sûr que si on assiste à une augmentation des tempêtes et de leur sévérité, à un moment, ça se traduira par un plan financier plus lourd à supporter pour le secteur ». Qui va devoir plancher sur « un mode de financement des catastrophes naturelles ».

60 000 dossiers de sinistres ont été ouverts la nuit du 14 juillet, avec des dommages estimés à 1,6 milliard d’euros.

Quant à l’indemnisation des assurés, plus urgente, elle risque toutefois de prendre du temps: « On a la volonté d’avancer le plus rapidement possible, mais on doit composer avec le temps de séchage, par exemple, ainsi que la complexité de dossiers où des maisons doivent être entièrement détruites et/ou reconstruites. Quand on compare avec la tempête de 2016, après six mois, une grande majorité des dossiers étaient déjà clôturés, et c’est ce qu’on vise ici aussi, mais dans certains cas, on fait face à des situations beaucoup plus compliquées. » Patience, mère de sûreté?

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