Après Bouteflika, Bouteflika ?

Le plus jeune frère du président veut-il créer un parti pour mieux se poser en successeur ? A Alger, la rumeur enfle…

DE NOTRE CORRESPONDANT

En été à Alger, les rumeurs se répandent aussi vite que l’air chaud qui comprime la ville. La plus assourdissante, en ce début de mois de juillet, est celle qui prête à Saïd Bouteflika, le plus jeune frère (51 ans) du chef de l’Etat, un professeur d’université devenu son plus proche conseiller à la présidence, l’idée de créer sa propre formation politique afin de mieux se préparer à la succession.

L’entourage du président Abdelaziz Bouteflika dément l’existence d’un tel projet.  » Il n’y aura pas de parti de Saïd Bouteflika, cette éventualité relève de la pure fiction « , affirme ainsi une source proche de la présidence. Alors, pétard mouillé ou ballon-sonde ? La clameur a en tout cas semé la panique dans les trois mouvements qui composent la majorité présidentielle. Elle a aussi enfiévré les nombreux réseaux de soutien qui gravitent dans l’orbite de la présidence. Dans l’est et le centre du pays, les membres des comités qui s’étaient constitués pendant la dernière campagne présidentielle afin de mobiliser l’électorat en faveur de la réélection de Bouteflika sont de nouveau sur le pied de guerre, persuadés que son cadet fera bientôt appel à eux pour développer son mouvement.

Le principal intéressé, lui, garde le silence. Saïd Bouteflika n’a ni confirmé ni démenti l’information, pourtant largement relayée par la presse. Les observateurs sont dubitatifs.  » Le désert crée des mirages « , commente l’universitaire Madjid Merdaci, en faisant allusion à l’atonie de la vie politique dans lequel le pays est plongé depuis le scrutin présidentiel du mois d’avril. Cet intellectuel constantinois n’exclut cependant pas l’hypothèse que la rumeur vise à  » tester  » la réaction de la classe politique et de la société. A moins que les Algériens, ou certains d’entre eux, en mal d’homme providentiel, ne prennent leurs désirs pour des réalités…  » Saïd Bouteflika, soutient, sous couvert d’anonymat, un universitaire algérois, cultive depuis près de dix ans la réputation forte d’être un homme puissant et influent, dans un pays où la vie politique et partisane est réduite à sa plus simple expression. Du coup, la moindre rumeur lui attribuant des ambitions de pouvoir ravive le désir de voir émerger un nouveau parrain et renouvelle les ardeurs ou les vocations militantes. « 

ANIS ALLIK

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