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Apprendre à vivre avec le TDA/H

Il y a quelques années, la question de ce que l’on appelait encore l’hyperactivité chez l’enfant a fait les choux gras de la presse. Mais peu d’informations sur la problématique concernant l’adulte… Pourtant, un enfant TDA/H grandit et devient adulte…

Le TDA/H (Trouble déficitaire de l’attention, avec ou sans hyperactivité) est un trouble complexe, et mal connu. En particulier chez l’adulte. Alors qu’il toucherait 1 adulte sur 251, il n’a été reconnu scientifiquement qu’à la fin du XXe siècle. Peu de ces adultes concernés se rendent compte que leurs difficultés à fonctionner dans la vie de tous les jours est à imputer à ce trouble dont ils sont atteints.

Dans l’avant-propos de son dernier livre,  » Où ai-je la tête « , Pascale De Coster, fondatrice de l’association TDA/H Belgique, dresse un tableau très clair de ce trouble au quotidien :  » Dix mille pensées tourbillonnent dans mon cerveau. (…) Ma tête virevolte dans les nuages. Les heures passent sur tout, sauf sur les urgences à accomplir. (…) Sitôt pensé, sitôt oublié ! (…) Je suis une spécialiste de l’art : l’art de chercher ce que j’ai sous les yeux, l’art de faire des détours plutôt que d’aller droit au but, l’art de partir dans tous les sens sauf dans le bon, l’art de faire compliqué quand je pourrais faire simple… Je suis trop. Trop sensible, trop joyeuse, trop triste, trop envahissante, trop fatigante… trop, toujours trop.  »

Apprendre à vivre avec le TDA/H
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Le TDA/H, c’est quoi ?

Le principal problème rencontré est donc le trouble de l’attention, qui peut revêtir différentes formes, comme l’explique Pascale De Coster :  » L’attention soutenue qui permet par exemple de lire un livre sans décrocher ; l’attention divisée qui permet, par exemple d’avoir une conversation téléphonique tout en cuisinant ; l’attention sélective qui permet par exemple de travailler dans un bureau bruyant. Dispersés, hypersensibles aux stimuli distrayants (extérieurs ou intérieurs), les adultes atteints de TDA/H éprouvent de grandes difficultés à mobiliser ou à maintenir leur attention. (…) De plus, leurs difficultés d’organisation et de planification en font les rois de la procrastination.  »

Apprendre à vivre avec le TDA/H

Ces difficultés sont atténuées lorsque les tâches sont nouvelles ou particulièrement intéressantes.  » Le cerveau fabrique alors des substances chimiques qui améliorent la concentration et la vigilance, et lui permettent de fonctionner normalement. Il est en quelque sorte ‘réparé’ par la passion.  » Mais dans la vie quotidienne, remplie de tâches peu intéressantes ou répétitives, les efforts déployés constamment par les personnes TDA/H peuvent être épuisants.

La deuxième caractéristique est l’hyperactivité, qui peut être motrice ou intellectuelle. Chez l’enfant, l’hyperactivité motrice est souvent claire : ce sont des enfants agités, qui bougent en permanence.  » En vieillissant, l’hyperactif (…) passe d’une activité motrice manifeste et observable à une agitation ‘interne’ plus subtile et subjective. Celle-ci est souvent interprétée comme étant de la nervosité, de l’impatience ou de l’ennui.  » Quant à l’hyperactivité intellectuelle ou mentale, elle est caractérisée par un flot rapide et incessant d’idées, de pensées et ce, de manière incontrôlable…

L’impulsivité est une troisième spécificité du TDA/H :  » L’impulsivité se caractérise par des difficultés à inhiber les actions, les gestes, les paroles, les pensées et les émotions. Enthousiaste, passionné et trop spontané, l’adulte atteint de TDA/H se précipite, sans réfléchir aux conséquences de ses actes. Tout en regrettant et en souffrant des répercussions de ceux-ci, il apprend peu ou pas de ses erreurs.  » Cela peut se traduire par des interruptions fréquentes des autres lorsqu’ils parlent, une humeur changeante, une difficulté à garder son sang-froid, à respecter des règles, à réfléchir avant de faire des achats.

Quelles conséquences dans la vie ?

Si la présence d’un TDA/H se limitait à se demander à longueur de journée ce que l’on a bien pu faire de ses clés, ce ne serait pas si grave. Mais comme le souligne Pascale De Coster, des comorbidités sont très régulièrement associées.  » Leur fréquence atteint près de 80% chez l’adulte. La présence d’un ou plusieurs troubles associés au TAD/H tient donc plutôt de la règle que de l’exception. Les dépister et les traiter, parfois même en priorité, est indispensable.  » (lire encadré p. 33) L’ensemble de ces troubles affectent l’estime de soi, la santé, les finances, les relations aux autres (collègues, conjoint, enfants, amis…), etc.

Prendre conscience que ces difficultés rencontrées ne sont pas le fait d’un manque d’intelligence, de professionnalisme, d’implication dans les relations, etc. mais d’un fonctionnement différent du cerveau peut aider les personnes qui en souffrent à sortir de la culpabilité. Et mettre en place des mesures pratiques pour  » faire avec « … Car si le TDA/H ne se guérit pas, certains types de thérapies personnalisées peuvent aider, comme la psychoéducation, l’ergothérapie, la gestion mentale ou la thérapie comportementale, par exemple… La personne atteinte de TDA/H dispose alors d’outils, de méthodes pour compenser et fonctionner au mieux.

Dans son livre, Pascale De Coster en donne une série pour aider à prioriser les choses à faire, à s’organiser, à éviter de procrastiner, à améliorer sa capacité de concentration, à faire face à l’impulsivité, etc… Un ouvrage à mettre dans les mains de toutes ces personnes qui souffrent de TDA/H, mais aussi de leurs proches pour qu’ils comprennent leur fonctionnement parfois déroutant !

Références : 1. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18688774

Troubles généralement associés au TDA/H

– Troubles de l’humeur (bipolarité, dépression, troubles dysthymiques, etc.) ;

– troubles anxieux (crises de panique, trouble obsessionnel compulsif, etc.) ;

– addictions (aux substances mais aussi aux jeux, à internet, achats compulsifs, etc.) ;

– tics ;

– troubles du comportement alimentaire ;

– troubles de la personnalité (antisociale, borderline, narcissique, etc.) ;

– troubles du comportement (opposition, des conduites, etc.) ;

– troubles du sommeil ;

– troubles des apprentissages (tous les  » dys  » : dyslexie, dyscalculie, dysgraphie…).

Lucas, 19 ans

 » Je tourne en rond sans savoir quoi faire alors qu’il y a tant à entreprendre… Je m’éparpille. Je ne sais pas par quoi commencer. Je ne sais pas comment commencer. J’ai peur de ne pas être à la hauteur, alors je remets encore et encore à plus tard. Et voilà que toutes ces ‘petites choses’ finissent par former d’énormes obstacles.  »

Charlotte, 49 ans

 » Je dis tout ce qui me passe par la tête sans tenir compte du moment ou de la pertinence de mes remarques. Quand j’ai quelque chose à raconter, je le fais immédiatement, tant pis si j’interromps. J’ai bien trop peur d’oublier ce que je voulais dire.  »

Antoine, 30 ans

 » J’écrivais tout pour rester concentré, pour ne rien oublier, mais ensuite, je perdais les papiers, les documents. Quand il fallait mettre à jour les dossiers, écrire un rapport, envoyer un courrier, prévoir une visite à domicile, incapable de m’organiser malgré tous les mes efforts, je faisais les choses dans un désordre total, morceau par morceau, distrait par tout, angoissé par la somme de choses à accomplir. En fin de compte, au bout d’un an, le directeur m’a convoqué et m’a signifié mon licenciement.  »

Martin, 38 anS

 » Mon quotidien me demande tellement d’efforts que je suis tout le temps épuisé. Complètement dépassé, je me sens incapable d’élever et d’éduquer mes enfants comme il le faudrait. Je me sens coupable de ne pas être un meilleur mari et un meilleur père.  »

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