Indian Spirit : un engagement face à la planète. © DR

Amérindiens préparés

Premier chapitre d’un spectacle donné dans trois villes belges, Indian Spirit-L’Eveil convoque l’esprit amérindien dans un digest environnementaliste.

Le spectacle s’arrête pour trois soirs en Belgique francophone. A Bruxelles, Charleroi et, à l’automne prochain, Nivelles où les salles sont louées et non pas productrices d’un show cosigné par Wota Création et Red Pepper Canada. Déjà une indication de la température qui amène quinze artistes sur scène pendant une heure trente. Wota Ippolito est le nom d’un citoyen belge né en Sicile, qui cartonne en 1991 avec la chanson Anitouni, d’un groupe baptisé Wamblee. Une version pop-dance de la culture améridienne, avec vêtements et coiffures ad hoc, mêlant batterie synthétique, choeurs extravertis et même break de flûte, d’ailleurs peut-être plus proche des Andes que des réserves Sioux. Pas vraiment un témoignage de pureté ethnographique donc : 300 000 exemplaires de cette kitscherie seront néanmoins vendus. N’empêche, Wota est lancé dans les affaires : celles qui le mènent à devenir conseiller artistique de la comédie Notre-Dame de Paris et à ouvrir un manège sur pilotis et un restaurant basé sur la cuisine amérindienne – La Villa Wotaland du côté de Braine-l’Alleud.

Sa passion du cheval reste au coeur d’un travail éclectique et même s’il n’y a pas de cavalerie live lors des représentations d’ Indian Spirit, les notions de migration et de fusion homme-animal- nature demeurent présentes. Voire viscérales dans la devise du moment :  » le respect de la Terre-Mère  » et le motif affiché de la pièce ( » l’heure est venue de tout repenser « ). Contrairement à d’autres cultures réprimées à l’un ou l’autre moment de l’histoire – celles des Afro-Américains ou des Juifs – les Amérindiens restent des citoyens peu visibles à l’international. Ainsi, ce dernier demi-siècle, on pointe tout juste le groupe Redbone qui, dans les années 1970, intègre au pop-rock salvateur des sagas à la première personne amérindienne, comme le tube We Were All Wounded At Wounded Knee.

Chorégraphies extraverties

S’il n’est pas dans cette lignée politique ou de quelques autres activistes amérindiens – tel le poète-musicien John Trudell (1946 – 2005) – Indian Spirit se présente comme un engagement face à la planète. Tarte à la crème millénariste ou réelle conviction éthique ? En tout cas, le spectacle donné par des acteurs- danseurs-interprètes parés de plumes, se pose aussi en charge contre la destruction environnementale, ses évidentes gabegies, ses notables outrances. Position politique qui joue beaucoup, dans des éclairages calibrés et des poses volontiers dramatiques, alors que défilent à l’écran des images aussi catastrophistes que désormais banalisées au quotidien. La musique profite grandement de rythmiques tambourinantes, ouvrant aux danseuses – une demi-douzaine – des pauses chorégraphiques extraverties. Celles visibles dans l’infini du robinet à clips YouTube. Pas un hasard puisque le spectacle vise largement le public jeune, d’ailleurs travaillé par l’auteure du show, la Française Dominique Joly, coutumière des bouquins jeunesse. Si les parents sont les bienvenus, c’est bien les kids qui hurlent le plus lorsqu’ Indian Spirit demande de faire les choeurs, comme si cela allait sauver le monde. Peut-être bien, après tout…

Indian Spirit Chapitre 1 : L’Eveil : le 31 janvier à Bozar, les 10 et 11 mars (complet) au théâtre Marignan à Charleroi et le 9 octobre au Waux-Hall de Nivelles, indianspirit.eu

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