« Vous leur avez donné le dernier rang. Ce qui m’empêchera, je le crains, la vente de mes oeuvres. » La récrimination porte la signature de Jean Stobbaerts ( 1838-1914 ), peintre anversois versé dans le réalisme animalier. Elle est adressée au jury de placement du Salon de Bruxelles de 1869. On a tendance à l’oublier mais l’art est un marché, avec tout ce que cela comporte de stratégies et de manigances, depuis la moitié du XIXe siècle. A l’époque, ce sont les salons (ceux d’Anvers, Gand et de la capitale pour la Belgique) qui donnent le ton. Le défi? Parvenir à être vu parmi les milliers de tableaux accrochés du sol au plafond. C’est cet essor mercantile, qui fait naître et lie les figures du galeriste et du collectionneur, que donne à voir et à comprendre Adjugé! , une passionnante exposition du Musée Félicien Rops. Observateur attentif de son époque, Rops note: « Les noms des artistes sont désormais cotés comme les titres des maisons de commerce. »
Au Musée Félicien Rops, à Namur, jusqu’au 18 avril.