Acheter un appartement plutôt que louer un kot

La crise économique et financière actuelle n’est pas la seule raison qui pousse les parents à opter pour l’achat. Les prix de location des chambres d’étudiant ont considérablement augmenté, ces dernières années. A tel point que l’achat se révèle économiquement plus rentable et plus sûr.

Le constat a beau être récurrent – cela fait cinq ans que cela sature – il n’en est pas pour autant rassurant : il n’y a plus un kot d’étudiant à louer avant même la session de juin sur le campus de Louvain-la-Neuve ! Pour les derniers à avoir reçu leur sésame ou pour les moins prévenants, et pour autant que papa et maman ont les reins solides, y restent quelques studios et appartements. Au prix fort : sur le site en ligne Immoweb, la location (douze mois) oscille, cette semaine, entre 575 euros par mois (studio) et 850 euros (appartement 2 chambres).

Pour la chambre basique meublée, toutes charges comprises, comptez environ 300 euros pour un bail de douze mois au minimum. Mais dans la toute récente résidence Ladeuze, entièrement commercialisée auprès d’investisseurs privés et gérée par Immo Eckelmans, inaugurée cette année non loin du centre commercial et de la rue Charlemagne, il faudra débourser au bas mot quelque 100 euros mensuels de plus, en duplex 5-6 chambres, ou même 720 euros pour un studio de 40 m2 avec lit double, pour disposer de nouvelles infrastructures  » services compris « . Or, comme tout développement de nouveaux ensembles de logements étudiants dans le centre urbain est désormais impossible, il y a de quoi s’arracher les cheveux quand on souhaite trouver un lit sur le campus et qu’on n’a pas un crédit illimité.

 » Ces montants locatifs ne sont pas excessifs pour des bâtis datant dans l’ensemble des années 1975-1980. Et, pour ces prix-là, on est sûr de ne pas tomber sur des taudis, contrairement à ce que certains marchands de sommeil offrent sur des marchés urbains plus classiques comme Bruxelles ou Liège « , tempère Thibaut Van Dieren, directeur d’Immo Eckelmans, qui dispose de la totalité du marché de gestion des kots étudiants privés (non universitaires) sur les deux campus francophones de Louvain-la-Neuve et Woluwe. Ce dernier – où il n’existe pas de kots, mais où, seuls, des studios et des appartements sont mis en location – a, à son tour, été gagné par la pénurie précoce :  » Comme si une certaine crainte de ne pas trouver un lit avait poussé les étudiants à anticiper les prises en location « , observe Thibaut Van Dieren.

Gand, Louvain ou Namur sont d’autres marchés immobiliers provinciaux très estudiantins où la demande dépasse l’offre, faisant atteindre aux loyers, à proximité des campus, des sommets parfois démesurés.  » Les universités et les écoles de Gand, par exemple, n’ont cessé de gagner en popularité auprès des étudiants flamands au fil de ces dernières années. Conséquence logique : la ville est confrontée à un manque structurel de chambres d’étudiants. Les gestionnaires privés de kots se trouvent donc dans une position de force lors de la détermination du prix de location « , explique Mathieu Verwilghen, General Manager du réseau Century 21 Benelux, leader du marché belge avec plus de 160 agences immobilières indépendantes et plus de 800 collaborateurs.

Les abus sont légion

Résultat direct de cette situation de sous-offre, surtout en cette période estivale de montée en force de la demande : les abus sont légion, tant en termes de prix que de qualité de l’offre. Même si les règlements spécifiques se sont durcis, ces dernières années, les contrôles sont encore trop peu généralisés sur le terrain. Côté prix, seules quelques villes universitaires et à Hautes Ecoles font exception à la règle inflationniste des prix dictée par la pénurie de l’offre. A Anvers et Genk, les prix mensuels sont inférieurs de 50 euros en moyenne à ceux pratiqués à Louvain, Malines et Bruxelles.

Autre dérive notoire : la durée de référence du contrat de location d’un kot : autrefois fixé à dix mois au maximum, ce contrat est aujourd’hui pratiquement partout signé pour douze mois, sous la pression du bailleur soucieux de rentabiliser son bien toute l’année.  » Les parents d’étudiants qui réussissent en première session et qui rentrent donc chez eux fin juin paient ainsi deux mois pour une chambre vide « , relève Mathieu Verwilghen.

Raison de plus pour investir, moyennant emprunt à taux très favorable pour l’instant, dans l’achat d’un kot étudiant, ensuite revendu… ou loué. Refrain désormais habituel, pour ce segment immobilier résidentiel comme pour les autres : investir de l’argent dans des actions n’offre actuellement que peu de sécurité. L’immobilier – surtout de niche porteuse – est, dans le climat actuel, une alternative intéressante pour gérer de manière intelligente et rentable une dépense inévitable comme celle d’un kot étudiant.  » Et si cette tendance à acheter une maison pour ses enfants étudiants est assez nouvelle, on note une augmentation significative de ce genre de démarche. D’autant que lorsque des parents ont plusieurs enfants étudiants, l’investissement dans l’achat d’un appartement en lieu et place de la location de plusieurs chambres est réellement rentable « , résume Mathieu Verwilghen.

Sans oublier une dernière tendance qui se multiplie également : la copropriété programmée entre parents d’étudiants pour l’achat d’un immeuble dont on partage le financement. Attention, toutefois : dans ce cas, mieux vaut prévenir et bien mutualiser les risques liés à l’acquisition commune ; ou carrément créer une société, coopérative par exemple, qui sera propriétaire du bien acheté en commun.

PHILIPPE COULÉE

La pénurie de kots et l’incertitude boursière poussent à l’investissement immobilier

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