« Acheter à Bruxelles, c’est acheter sans risques »

Julien Dessauny est chasseur immobilier au sein de la jeune équipe Property Hunter, active à Bruxelles depuis deux ans. Entre marteau (propriétaire) et enclume (acheteur), il fait plutôt de l’empathie avec le second. Et analyse le marché actuel avec prudence et nuances.

Le Vif/L’Express : Vaut-il mieux acheter ou louer à Bruxelles aujourd’hui ?

> Julien Dessauny : Après le tremblement de terre qu’a connu la finance mondiale ces derniers mois, le marché immobilier bruxellois s’est, comme tous les autres, remis en question. Les gens se posent plus que jamais les bonnes questions et restent prudents dans leurs démarches immobilières. Certains hésitent à rester en location, mais d’autres se demandent s’il n’est pas temps de carrément vendre leurs biens.

Sur quel marché travaillez-vous et quel est le profil de votre clientèle ?

>Nous travaillons pour l’instant uniquement sur Bruxelles, principalement sur tout le secteur sud, est et centre. Nous avons constaté, depuis janvier 2009, une légère baisse du prix des ventes sur notre zone d’activités. Malgré tout, le fait que l’immobilier reste très abordable dans cette capitale – en comparaison avec d’autres villes comme Rome, Milan, Madrid, Paris, Londres, Marseille, etc. – fait que la baisse a été très modérée : à la base, les prix du marché sont déjà, quoi qu’on pense, relativement accessibles. De plus, les sociétés internationales, l’Otan, les ambassades ainsi que les institutions européennes contribuent au maintien des prix et assurent donc une pérennité qui permet aujourd’hui d’acheter et d’investir sans aucun risque à court, moyen ou long terme et avec des rapports locatifs encore très intéressants.

Finalement, vous conseillez donc d’acheter ?

>Les personnes qui ont aujourd’hui la possibilité d’acquérir un logement en cash ou moyennant acceptation de leur crédit hypothécaire ont très certainement intérêt à franchir le pas sans hésiter. D’abord, le prix moyen de vente des biens est enfin stagnant ou en léger recul ; même s’il n’y a pas eu effondrement des prix, cela n’était plus arrivé depuis des années. Ensuite, le fait que ce prix ne descendra guère plus bas maintenant, qu’il remontera à court ou moyen terme dès la sortie de crise, fait que l’on se retrouve aujourd’hui dans un marché d’acheteurs. Cela assure aux acheteurs – et aux investisseurs – une capitalisation sereine de leur argent, une rentabilité intéressante et une plus-value à moyen ou long terme.

Autre constatation rassurante : les loyers n’ont pas vraiment baissé depuis un an. La seule exception concerne les biens de standing qui se louent à partir de 2 000 euros/mois et pour lesquels les candidats locataires reçoivent moins de budget affecté à leur habitation de la part de leur société. Les propriétaires sont donc obligés de louer moins cher pour tenir compte de la conjoncture actuelle. La baisse de loyer varie alors d’un bien à l’autre, mais n’excède quasi jamais 10 %.

Que conseillez-vous dès lors au locataire qui vous contacte ?

>Qu’il a plus que jamais intérêt à acheter s’il en a les moyens. La difficulté reste évidemment de pouvoir disposer d’un apport personnel suffisant qui permette de régler comptant les frais de notaire (15 %), car les banques prêtent de moins en moins facilement. D’ailleurs, depuis la crise, elles ne prêtent plus ou rarement à 115 %. Il est d’ailleurs parfois difficile d’obtenir un crédit à 100 %.

Et du côté des propriétaires-vendeurs, quelle est l’ambiance ?

>Certains se retiennent de commercialiser leur bien actuellement, car ils ne veulent pas vendre  » au plus bas « . Par conséquent, ils estiment qu’il est plus judicieux d’attendre deux ou trois ans afin de voir l’immobilier remonter. Cela ajoute une difficulté supplémentaire pour les nouveaux acheteurs qui ne bénéficient pas, sur certaines communes que nous ciblons, d’un grand renouvellement de l’offre et peinent à trouver le produit  » idéal « .

En fin de compte, le fait que ces biens recherchés arrivent au compte-gouttes sur le marché contribue à ce qu’ils se vendent souvent très rapidement et à des prix ne souffrant pas (réellement) de la crise. Certains locataires doivent parfois avoir énormément de patience…

Entretien : Philippe Coulée

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