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Comment planifier sa succession en douceur

Philippe Berkenbaum
Philippe Berkenbaum Journaliste

Parler d’argent et de décès ? Autant de sujets délicats à aborder en toute sérénité. D’autant que, l’espérance de vie ne cessant de s’allonger, les futurs héritiers prennent eux aussi de l’âge. Organiser sa succession à l’avance est devenu un must.

On pense à son épargne, à sa pension, on préfère souvent ne pas (trop) songer à ce qui se passera quand on ne sera plus là. Pourtant, la mort n’est souvent pas un long fleuve tranquille… pour les héritiers. Droits de succession qui peuvent s’avérer lourds, conflits éventuels, charge émotionnelle : de plus en plus de personnes prennent aujourd’hui le temps de préparer la suite, en choisissant ce qu’il adviendra de leur patrimoine après leur décès, ou même avant. En effet, ce peut également être l’occasion d’en donner une partie sans attendre le moment fatidique.

Les notaires et les banquiers sont unanimes : ce qu’on appelle la « planification successorale » (estate planning, en anglais) est devenu un must. « J’admets que de nombreux clients ont pour préoccupation première d’éviter ou de réduire les droits de succession à payer par leurs futurs héritiers », reconnaît Bernard Goffaux, estate planner à la Banque de Luxembourg. « Mais il y a bien d’autres bonnes raisons de prendre le temps d’organiser de son vivant la transmission de son patrimoine, qu’il soit mobilier, immobilier ou qu’il s’agisse de l’entreprise familiale, par exemple.

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Ce n’est pas pour rien que certains appellent les droits de succession « l’impôt sur le deuil » : de nombreux citoyens trouvent injuste de voir le fisc rogner les économies acquises au long d’une vie au moment de les transmettre à leurs enfants. A Bruxelles et en Région wallonne par exemple, le taux atteint encore 30% pour un capital de plus de 500.000 euros transmis en ligne directe, et respectivement 65 % dès 175.000 et 250.000 euros entre frère et soeur.

Les donations entre vifs sont nettement moins taxées (lire 7 clés pour régler sa succession en douceur: faire des donations) et donc privilégiées par beaucoup. Mais la planification successorale a aussi d’autres atouts non négligeables.

  • Anticiper la transmission. Si le code civil parle encore « d’enfants » en matière de succession, on hérite aujourd’hui plus souvent à 50 ou 60 ans qu’à 20 ou 30, quand on n’a plus forcément de gros besoins. Anticiper un héritage permet de donner un coup de pouce au bon moment, pour financer des études, l’achat d’une habitation ou concrétiser un projet d’entreprise, par exemple.
  • Empêcher les conflits. Une succession bien préparée et expliquée aux futurs bénéficiaires peut favoriser la paix des familles après son décès.
  • Personnaliser sa succession. Planifier, c’est décider soi-même de la répartition de ses biens entre ses héritiers, dans le respect, bien sûr, des règles légales en matière de parts réservataires (lesquelles ont été assouplies par la récente réforme du droit des successions). Avec la possibilité d’en avantager certains ou pas, de rétablir l’équilibre par rapport à d’éventuelles donations antérieures, etc.
  • Se protéger. Enfin, organiser sa succession permet de se protéger avant de ne plus être capable, physiquement ou psychiquement, de gérer son patrimoine. C’est le moment de réfléchir à ce que l’on souhaite faire pour ses héritiers sans se mettre en danger, d’évaluer ses besoins financiers pour conserver son niveau de vie sans forcément laisser dormir des économies qui ne rapportent rien ou dont on n’aura plus l’usage.

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