23 MAI 1934 : FIN DE ROUTE POUR BONNIE ET CLYDE

Tout commence par une rencontre. En janvier 1930, Bonnie Parker, 19 ans, fait la connaissance de Clyde Champion Barrow, 21 ans. Elle est une serveuse séduisante et rebelle, mariée à un prisonnier ; il est un grand ado déjà spécialisé dans le vol. Peu après leur rencontre, le jeune homme est emprisonné pour cambriolage. S’échappant avec l’aide de sa belle, il est bientôt arrêté à nouveau. En février 1932, il est placé en liberté conditionnelle. La  » carrière  » des deux amants peut alors véritablement démarrer.

Audacieux, les criminels s’attaquent aux magasins, aux stations-service et aux banques. Au fil des vols, l’équipe s’agrandit et devient gang. Progressivement, la gâchette devient facile. Bonnie et Clyde tuent… et rient en même temps. Comme si la vie était un jeu, ils se prennent en photo, l’arme à la main et le sourire aux lèvres. Ils commencent à être connus et reconnus dans leur Texas natal, terrain de jeu devenu bientôt trop étroit pour abriter leurs exploits. Permanents nomades, ils voguent d’Etat en Etat, confortablement installés dans une voiture volée ou anonymement assis sur la banquette d’un train… Pendant ce temps, Bonnie met, par écrit, le récit de leurs faits d’armes. C’est que la demoiselle est poète :  » Ecoutez l’histoire de Bonnie and Clyde « , note-t-elle.  » On prétend que nous tuons de sang froid, c’est pas drôle. Mais on est bien obligé de faire taire celui qui s’met à gueuler.  »

Le 1er avril 1934, ils abattent deux policiers en patrouille. Sans scrupule, comme toujours. Au total, on les soupçonne d’avoir tué 13 personnes – dont une majorité de policiers. Pour le Bureau d’enquête, l’ancêtre du FBI, c’en est trop. Photos, descriptions et empreintes digitales sont diffusées massivement. Une immense chasse à l’homme est organisée. Au fil des jours, les indices et témoignages s’accumulent, puis convergent. Les deux amants seraient en Louisiane, sur le point de s’offrir une nouvelle banque. Le 23 mai, aux premières lueurs du jour, une embuscade est organisée. Cachés derrière des buissons, les officiels guettent la Ford V8. Lorsqu’elle arrive, ils ouvrent le feu sans sommation. Les criminels meurent sur le coup. Game over.

La fin ? Non, le début ! La mort de Bonnie et Clyde coïncide avec l’explosion de leur célébrité. L’étrange mélange entre la brutalité de leurs actes et l’arrogance de leurs airs les rend presque sympathiques. Cette image vite idéalisée d’un couple cynique et romantique à la fois apporte un peu de vie et de divertissement à des Américains qui souffrent des conséquences du krach de 1929… et qui râlent sur les banquiers. Les artistes tombent, eux aussi, sous le charme. Dès 1937, le légendaire Henry Fonda se glisse dans la peau de Clyde dans You Only Live Once. Par la suite, cinéastes, scénaristes et chanteurs s’emparent massivement des deux criminels. Et ce jusqu’à aujourd’hui. Parmi d’autres, Serge Gainsbourg, Brigitte Bardot, Eminem, Ophélie Winter, Beyoncé et Jali mettront les amants terribles en musique.

VINCENT DELCORPS

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