Euro et Neuro : comment notre cerveau prend-il ses décisions financières ?

Même s’il pèse un peu moins d’un kilo cinq cents grammes en moyenne, notre cerveau est d’une grande complexité. Ses cent milliards de neurones présentent un nombre considérable de connexions dont on commence à peine à explorer la densité. Et lorsque les émotions viennent en plus interférer dans nos modes de réflexion et de décisions, nos choix en matière d’investissement peuvent en être complètement bouleversés.

Notre cerveau prend des raccourcis et se laisse déborder par ses émotions

Tout au long du XXe siècle, les marchés financiers se sont développés selon la croyance que les investisseurs sont rationnels, que les cours reflètent la valeur réelle des titres. À la fin des années 90,  » l’exubérance irrationnelle  » des investisseurs, épinglée par le banquier central Alan Greenspan et l’économiste Robert Shiller, a toutefois conduit à l’explosion de la bulle technologique en Bourse et sortit de l’ombre une discipline décriée, la finance comportementale. Deux ans plus tard, le psychologue Daniel Kahneman remporte ainsi le Prix Nobel … d’Économie.

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Des erreurs systématiques

Les études scientifiques démontrent que le cerveau consomme beaucoup d’énergie: jusqu’à 20% de l’oxygène et des calories absorbés par le corps. Afin d’en économiser, il n’hésite pas à emprunter des raccourcis.

L’un de ces raccourcis est le biais de confirmation. Il consiste à privilégier les informations et avis confirmant sa propre opinion, souvent extrapolée ou basée sur les premières données rencontrées.

Le négatif prime sur le positif, un biais pouvant coûter cher à l’épargnant qui joue la prudence et évite des marchés en plein redressement. Selon Daniel Kahneman, ce biais résulte de notre instinct de survie, notre cerveau détectant un prédateur en quelques centièmes de secondes 1.

Parmi les principaux biais cognitifs, épinglons également l’effet de mode. C’est notamment ce qui a poussé de nombreux investisseurs belges dans les griffes de Lernout & Hauspie.

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Un cerveau en quête de dopamine

Certains ont même été complétement ruinés par la débâcle de l’ex-star technologique flamande, victimes à la fois de l’effet de mode et du biais de surconfiance. Ce dernier est mis en évidence par des enquêtes sur l’appréciation de la conduite. Selon l’une d’entre elles, 82% des personnes interrogées affirmeraient faire partie des 30% des meilleurs conducteurs 2.

L’excès de confiance est un biais émotionnel, tout comme l’aversion à la perte. L’investisseur a tendance à garder les titres en perte, tablant sur un rebond, peu importe l’évolution fondamentale.

Ces biais émotionnels s’expliquent par le fonctionnement de notre cerveau. Selon Brian Knutson, professeur à la Stanford University, la perspective d’un important gain stimule la sécrétion de dopamine – la molécule du plaisir.

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Discipline et stabilité

 » La Bourse est une façon très onéreuse de découvrir son tempérament « . Pour échapper à la prévision de George Goodman, l’investisseur doit se montrer discipliné. Par exemple, en notant les points forts et faibles de chaque placement, de façon à en prendre conscience, à la façon d’un régime Weight Watchers.

Daniel Kahneman recommande également d’éviter la multiplication des opérations d’achat-vente (compulsives). L’étude d’un échantillon d’investisseurs a en effet démontré que les actions cédées réalisent en moyenne une meilleure performance (+3,4%) l’année qui suit que les titres acquis pour les remplacer.

1 Daniel Kahneman, « Thinking, Fast and Slow »

2 Ola Svenson, 1981, Are we all less risky and more skillful than our fellow drivers?, Acta Psychologica, 47

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