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Yémen : Saleh a signé l’accord de transfert de pouvoir

Le président yéménite a paraphé à Ryad un accord prévoyant son départ, dix mois après le début du mouvement de contestation au Yémen.

Nouvelle promesse sans effet ou véritable avancée vers une sortie de crise au Yémen? Le plan des monarchies arabes du Golfe pour un transfert de pouvoir, que président Abdallah Saleh promet d’appliquer depuis des mois, a été paraphé ce mercredi à Ryad, en présence du roi d’Arabie saoudite Abdallah Ben Abdel Aziz.

Des représentants du parti au pouvoir au Yémen et de l’opposition ont ensuite signé un mécanisme d’application de ce plan, en vertu duquel Abdallah Saleh doit quitter le pouvoir dans un délai de trois mois.

Les jeunes protestataires rejettent l’accord

Les jeunes contestataires qui campent depuis neuf mois à Sanaa pour réclamer le départ du président ont rejeté l’accord de transfert du pouvoir et appelé à des manifestations jeudi. « Le comité d’organisation des jeunes de la révolution pacifique appelle à une manifestation monstre jeudi pour refuser » l’accord signé à Ryad, « qui ne nous concerne pas », a déclaré Walid al-Ammari, porte-parole des contestataires yéménites.

« Nous ne quitterons pas la place du Changement jusqu’à la réalisation de tous nos objectifs, et surtout la traduction en justice de Saleh et du régime », a ajouté M. Ammari.

Les jeunes contestataires réclament la traduction en justice du chef de l’Etat. « Pas d’immunité pour le tueur », répétaient mercredi soir les manifestants rassemblés place du Changement à Sanaa.

Un long intérim de deux ans?

Ce plan proposé par le Conseil de coopération du Golfe (CCG) dont l’Arabie saoudite est le chef de file prévoit le départ du président contesté. Il doit remettre le pouvoir pour une période intérimaire à son vice-président, Abd Rabbo Mansour Hadi, un homme de consensus, qui avait pris de facto la tête du pays pendant l’hospitalisation du président Saleh après l’attaque dont il a été victime début juin.

Mais le président Saleh demeurera président à titre honorifique pendant une période de 90 jours, mais il ne pourra pas contester les décisions de son successeur. A l’issue de cette période, Hadi sera élu président pour une période intérimaire de deux ans. Alors seulement, des élections législatives et présidentielles seront organisées.

Le président yéménite, au pouvoir depuis 33 ans et dont les manifestants réclament depuis janvier le départ, avait refusé jusqu’à présent de signer le plan de sortie de crise, se rétractant à la dernière minute à plusieurs reprises.

Immunité pour Saleh et ses proches

Qu’obtient Saleh en échange? L’immunité pour lui-même et ses proches. Le fils et les neveux du président commandent les principaux organes de sécurité dans le pays. Le président yéménite se rendra à New York pour y subir des soins médicaux après la signature de l’accord avec l’opposition, a affirmé mercredi le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon.

Le Conseil de sécurité de l’ONU avait reporté d’une semaine une réunion qu’il devait tenir lundi pour discuter du refus de Saleh de signer le plan de sortie de crise, dans l’espoir d’une percée. L’agence officielle yéménite SABA a annoncé que Saleh avait reçu un appel mardi soir du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, qui l’a « remercié pour avoir répondu positivement aux efforts de l’ONU ».

Les quinze pays membres du Conseil de sécurité ont adopté à l’unanimité le 21 octobrela résolution 2014 condamnant les attaques menées contre les manifestants par les forces gouvernementales et apportant leur soutien au plan du CCG. La répression des manifestants qui réclament la démission du président Saleh et les affrontements entre troupes rivales ont fait des centaines de morts depuis janvier.

Le Vif.be, avec L’Express.fr et Belga

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