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USA: les élections de mi-mandat en cinq questions

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Deux ans après avoir élu Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, les Américains se rendront à nouveau aux urnes au mois de novembre. Tout ce que vous devez savoir sur les « midterms ».

Les électeurs américains iront voter le 6 novembre prochain. Deux ans après l’élection de Donald Trump au poste de président des Etats-Unis, ils peuvent renouveler la majorité républicaine ou confier aux démocrates le contrôle du Sénat et de la Chambre des représentants.

1. Pour qui votent les Américains ?

Au milieu du mandat présidentiel, des élections parlementaires et locales sont organisées à travers le pays. Les électeurs doivent choisir leurs représentants parlementaires à Washington et dans pratiquement toutes les assemblées locales, ainsi que les gouverneurs de 36 Etats sur 50. Le 6 novembre prochain, ils vont donc élire les membres de la Chambre des représentants et du Sénat, qui ensemble forment le Congrès des Etats-Unis.

Les deux chambres du Congrès sont actuellement contrôlées par le parti républicain, qui soutient en principe le président Donald Trump, ainsi que son programme. Les démocrates pensent pouvoir obtenir le contrôle de la Chambre des représentants cette année en remportant la majorité des sièges. Cela leur permettrait de bloquer ou de retarder les plans du président en refusant de les adopter. Les républicains contrôlent en ce moment le Congrès, avec une courte majorité au Sénat (51-49) et plus confortablement à la Chambre (236-193, avec six sièges vacants). Les nouveaux élus entameront leur mandat le 1er janvier 2019.

2. Combien de sièges sont en jeu ?

En tout, 435 sièges sont en jeu à la Chambre des Représentants. Si les démocrates veulent prendre le contrôle de la Chambre en disposant du plus grand nombre de sièges, ils devront obtenir au moins 23 sièges supplémentaires. Un défi possible puisqu’un grand nombre de républicains quittent la Chambre cette année, ce qui laisse pas mal de choses en suspens.

La bataille pour le Sénat, également contrôlée par les républicains, vaut aussi la peine d’être tenue à l’oeil. Sur les 100 élus, 35 sièges seront renouvelés lors de cette élection, soit plus d’un tiers. Les démocrates doivent récupérer deux sièges pour prendre le contrôle. Mais il n’y a que neuf sièges républicains qui se libèrent, et la plupart d’entre eux devraient le rester.

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3. Qui va gagner ?

Si on en croit les sondages d’opinion, les démocrates sont en bonne place dans de nombreux endroits. Selon certains experts, cette année pourrait même connaitre une « wave election » (élection par vague), configuration politique où un parti remporte une victoire conséquente. Aux Etats-Unis, cette expression est utilisée lorsqu’un parti réalise des gains importants à la Chambre et au Sénat.

Cela peut laisser présager une défaite pour les républicains. Et l’Histoire renforce cette tendance. En plus de 150 ans, le parti du président n’a que très rarement échappé au « vote sanction » lors des élections de mi-mandat, appelées « midterms » aux Etats-Unis. De plus, le faible pourcentage de support envers la politique de Donald Trump pourrait affecter le soutien aux candidats de son parti, ainsi que donner un certain dynamisme aux candidatures démocrates.

4. Que se passe-t-il si le Sénat et la Chambre n’ont pas la même majorité ?

Si, par exemple, les républicains ont la majorité au Sénat, mais que les démocrates parviennent à renverser la Chambre des représentants en leur faveur, il y aura un blocage politique. En anglais : « gridlock ». Le terme désigne une situation d’impasse politique dans laquelle il est difficile, voire impossible, d’adopter les lois qui répondent aux besoins des citoyens. Dans le cas américain, le risque d’un « shutdown », soit un arrêt des activités gouvernementales, serait bien présent si les parties rivales sont incapables de se mettre d’accord.

Donald Trump
Donald Trump © REUTERS

5. Quelles conséquences pour Donald Trump ?

Organisées deux ans après la présidentielle, les élections de mi-mandat se convertissent souvent en sorte de référendum sur l’occupant de la Maison Blanche. C’est d’autant plus vrai cette année puisque le président ne cesse d’enchaîner scandales et propos polémiques. Jusqu’à présent, les démocrates ont prudemment évité de parler ouvertement d’une destitution – ou d’une démission forcée – du président. Si le cas devait se présenter, une majorité de votes à la Chambre des représentants serait requise. Ensuite, le président devrait passer devant le Sénat pour répondre de « trahison, corruption, ou autres crimes et délits graves ». Si deux tiers des sénateurs le déclarent coupable, Donald Trump serait alors démis de ses fonctions et remplacé de facto par le vice-président, Mike Pence. Au cours de l’histoire, plusieurs procédures « d’Impeachment » ont été menées, mais les présidents avaient été acquittés par le Sénat (Andrew Johnson, Bill Clinton) ou avaient préféré démissionner avant la sentence (Richard Nixon). Il est pour l’instant plus probable que Donald Trump claque la porte de frustration, si la Chambre des représentants contrôlée par les démocrates bloque ses projets, juge la BBC.

Avec la Chambre aux mains des démocrates, les enquêtes parlementaires contre l’administration Trump, visant notamment les soupçons de collusion entre l’équipe de campagne du milliardaire et la Russie en 2016, pourraient également se multiplier. Les démocrates prendraient la tête des commissions parlementaires à la Chambre, ce qui leur donnerait le pouvoir de distribuer les assignations à comparaître aux témoins qu’ils voudraient entendre sous serment, même parmi les plus proches et fidèles du président. Si les démocrates parviennent aussi à prendre le contrôle du Sénat, alors ce sont toutes les nominations de Donald Trump pour la Cour suprême, le système judiciaire fédéral ou des postes exécutifs au sein de l’administration qui pourraient être bloquées. Le Sénat a le dernier mot sur ces choix présidentiels.

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