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Une Union européenne plus forte signifie aussi une Otan plus forte

Le président du Conseil européen Charles Michel a insisté sur le fait qu’un renforcement de l’Union européenne, pour laquelle il promeut une autonomie stratégique, signifiait aussi une Otan plus forte, vendredi à l’entame de la deuxième journée d’un sommet européen par visioconférence.

« Nous sommes convaincus que la nouvelle administration Biden offre une opportunité unique de renouveler l’alliance transatlantique », a affirmé M. Michel aux côtés du secrétaire général de l’Otan, le Norvégien Jens Stoltenberg.

Après avoir abordé la crise sanitaire jeudi, les chefs d’État et de gouvernement des Vingt-sept se penchent ce vendredi sur les projets européens de sécurité et de défense.

« Une Union européenne plus forte, c’est une alliance transatlantique plus forte« , a martelé le Belge, alors que certains pays membres de l’UE qui sont en première ligne face à la Russie craignent un désengagement de l’Union vis-à-vis de l’Otan à travers la volonté affichée d’autonomie stratégique de l’UE. Des déclarations de certains dirigeants européens ou américains ne les ont pas rassurés.

Le président français Emmanuel Macron a estimé la semaine dernière dans un entretien au Financial Time que l’Otan devait « être revue », car « l’Alliance a été conçue pour faire face au Pacte de Varsovie et le Pacte de Varsovie n’existe plus« .

Ce matin, Jens Stoltenberg a souligné que plus de 90% de la population de l’UE vivait dans un pays de l’Otan. « Nous partageons donc en grande partie la même population, les mêmes Etats membres, le même voisinage, les mêmes défis. Il est plus qu’évident que nous devons coopérer ».

La stabilité du voisinage proche

Lundi, devant les ministres européens des Affaires étrangères, le secrétaire d’État américain Antony Blinken aurait confirmé cette conception selon laquelle une Europe plus forte signifiait aussi une Otan plus forte.

Les priorités communes dont débattront les Vingt-sept avec M. Stoltenberg portent sur la stabilité du voisinage proche et le recours éventuel aux sanctions, la nécessaire adaptation des outils face aux nouvelles formes de menaces (cyberattaques, menaces hybrides, désinformation), ou encore la base industrielle et technologique, avec la recherche de synergies entre le numérique, l’espace et la défense, pour lesquelles la Commission européenne a proposé un cadre dernièrement.

La crise du Covid-19 ne sera pas oubliée. « La tâche principale de l’Otan durant cette pandémie a été de s’assurer que la crise sanitaire ne se transforme par en crise sécuritaire », a indiqué M. Stoltenberg.

Car les menaces d’avant la crise sont toujours là, a-t-il mis en garde, citant l’agressivité de la Russie, la montée en puissance de la Chine, des formes plus brutales de terrorisme, des cyber-attaques sophistiquées ou encore les implications sécuritaires du changement climatique.

La stabilité dans les Balkans occidentaux ou la question migratoire constituent d’autres défis cités par le Norvégien.

« Aucun pays, aucun continent, ne peut les affronter seuls, ni l’Europe, ni l’Amérique du Nord, mais bien les deux ensemble », a-t-il insisté, en se félicitant de l’engagement de la nouvelle administration Biden à renforcer le lien transatlantique.

Autre sujet probablement discuté: la Turquie, membre de l’Otan qui pose depuis plusieurs mois des difficultés aux Européens par ses explorations d’hydrocarbures en Méditerranée orientale, ses agissements en Libye ou en Syrie ainsi que par son interdépendance avec l’UE sur la question migratoire, notamment en mer Egée. La menace européenne de sanctions devrait d’ailleurs revenir sur la table au sommet européen de mars, même si la période est actuellement à la désescalade. De leur côté, les Etats-Unis appellent toujours Ankara à renoncer à ses missiles russes.

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