© Reuters

Une séries d’expertises pour tenter de percer le mystère du vol MH370

Le Vif

Le caisson contenant le fragment de Boeing 777 retrouvé la semaine dernière sur une plage de l’île française de La Réunion sera ouvert mercredi dans un laboratoire militaire de Toulouse (sud-ouest de la France) où il sera expertisé, 16 mois après la mystérieuse disparition du vol MH370.

L’analyse de ce débris, et la confirmation qu’il provient bien du vol MH370 de Malaysia Airlines disparu en mars 2014 au-dessus de l’océan Indien, pourrait aider à éclaircir l’une des plus grandes énigmes de l’histoire de l’aviation civile.

C’est également l’espoir des familles. Car pour la psychologue française Carole Damiani, spécialiste de la prise en charge de victimes de catastrophes, identifier avec certitude les restes de l’avion disparu permettrait enfin aux familles des victimes d’entamer leur « travail de deuil ».

Le caisson contenant le débris –un volet d’aile appelé flaperon– acheminé en France samedi, sera ouvert « mercredi en début d’après-midi » (heure française) dans un laboratoire militaire de Balma, dans la banlieue de Toulouse, a indiqué une source proche du dossier.

« Les autorités malaisiennes et françaises pourraient être en mesure de faire une déclaration officielle sur la provenance de ce flaperon dans la semaine », a déclaré mercredi le vice-Premier ministre australien Warren Truss.

L’agence scientifique australienne (CSIRO) avait démontré que le débris retrouvé avait très bien pu dériver poussé par les vents et les courants, à près de 4.000 kilomètres de la région estimée du crash, a ajouté le vice-Premier ministre.

« Aussi, des recherches méticuleuses et approfondies continueront de se concentrer sur la zone de recherche, qui représente 120.000 kilomètres carrés, dans le sud de l’océan Indien », a-t-il précisé.

Les expertises tant attendues se feront en présence de représentants français (la justice française s’est saisie de l’affaire car quatre des 239 personnes portées disparues sont françaises), malaisiens (l’avion recherché appartenait à la compagnie nationale Malaysia Airlines), chinois (153 Chinois à bord), américains et du constructeur Boeing.

Depuis sa découverte le 29 juillet sur une plage de La Réunion, une île de l’océan Indien, ce flaperon d’environ 2 m2 a « été officiellement identifié comme un morceau d’un Boeing 777 », a annoncé dimanche le ministère malaisien des Transports.

« Ça a été vérifié par les autorités françaises avec le constructeur Boeing, le NTSB américain (l’agence de sécurité des transports, ndlr) et l’équipe malaisienne », est-il écrit dans un communiqué ministériel.

Il y a donc une réelle probabilité qu’il s’agisse de l’avion du vol MH370 Kuala Lumpur-Pékin, dont on est sans nouvelles depuis le 8 mars 2014, aucun autre accident aérien n’ayant impliqué ce type d’appareil dans cette région du monde.

Mais les enquêteurs feront « table rase de toutes les hypothèses », assure Pierre Bascary, ancien directeur des essais à la Direction générale française de l’Armement: « Le travail d’expert est un travail méthodique, on s’interdit d’avoir une idée préconçue. »

Numéro de série, peinture et inscriptions

Les spécialistes commenceront par vérifier la nature de la pièce et de quel type d’avion elle provient, en recoupant notamment leurs observations avec le numéro de série, les plans demandés au constructeur, les matériaux utilisés, les procédés de fabrication…

Le fragment porte notamment l’inscription « 657BB », qui indique selon plusieurs experts qu’il s’agit bien d’un flaperon de Boeing 777.

L’analyse de traces de peinture et de certaines inscriptions devrait également éclairer les enquêteurs.

« Chaque compagnie aérienne peint ses avions d’une certaine façon et on doit pouvoir identifier que c’est bien une peinture provenant de Malaysia Airlines. Si la peinture est utilisée par Malaysia et d’autres compagnies, on pourra peut-être avoir plus de certitudes parce que les autres compagnies n’utilisent peut-être pas de Boeing 777 par exemple », explique Jean-Paul Troadec, ancien directeur du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA).

« La compagnie aérienne peut avoir ajouté des inscriptions pour la maintenance. » La formule utilisée et la façon d’écrire, « ça donne aussi une idée de l’origine de l’avion », ajoute M. Bascary.

La structure métallique de l’objet sera également scrutée « avec les moyens modernes physiques et chimiques et notamment avec un microscope à balayage électronique qui peut grossir jusqu’à 100.000 fois », confie M. Bascary.

L’objectif: étudier « les ruptures locales de la pièce », voir si elle a été abîmée par « des sollicitations exceptionnelles » ou par « la répétition d’un très grand nombre de sollicitations moins fortes », poursuit-il.

Selon une source proche du dossier, l’expertise se concentrera d’abord sur les aspects techniques.

L’étude des crustacés qui ont élu domicile sur le flaperon servira peu à l’identification du vol, tout comme ceux sur la poignée de valise découverte sur la même plage que le morceau d’aile et expertisée dans un laboratoire de la région parisienne.

D’après certains chercheurs, l’espèce et l’âge de ces crustacés pourraient toutefois permettre de déterminer combien de temps la pièce d’avion a séjourné dans l’eau, la température de cette eau, par quels endroits elle a cheminé. Ce qui livrerait des indices sur une zone où relancer les recherches d’éventuels autres débris.

Avec l’AFP

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire