Un attentat-suicide, traduction d'une "aspiration à faire la guerre". © getty images

Une explication au basculement dans le djihad

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Comment expliquer l’engagement dans le djihad de la guerre conduisant à la mort de soi?

Après avoir enquêté dans Un furieux désir de sacrifice (Seuil, 2016) sur la dimension psychologique des « surmusulmans » aspirant au terrorisme, le psychanalyste Fethi Benslama explique dans son dernier essai le basculement dans le djihad par le « saut épique » (1). « Nous avons constaté, pour chacun des cas approchés, que l’offre jihadiste, sans doute à l’instar d’autres idéologies combattantes, ouvre le passage vers un plan mythico-épique de motifs dont le sujet s’empare pour effectuer le franchissement qui donne un sens à son être », indique l’auteur.

Il peut ainsi se vivre comme un vaincu devenant vainqueur. « C’est lui-même qui construit une « colle » de raisons, liant des éléments disparates de son histoire pour en tirer une conclusion, poursuit Fethi Benslama. […] Il est alors prêt à tuer et à mourir parce qu’il a constitué un pourquoi de motifs ou de raisons qui peuvent être partagés avec d’autres. »

Il se produit chez le sujet un phénomène de retournement, de renversement, de ravissement même, engendré par exemple par la vision d’une vidéo de violences extrêmes, qui lui procure une « exaltation au combat ». Fethi Benslama parle à ce propos d’agonisme, « état où un sujet est possédé par l’aspiration à faire la guerre ».

Pour le psychanalyste, ce franchissement délibéré tire sa force de la conjonction du récit et de l’action. Il en voit l’illustration dans d’autres épisodes contemporains, notamment dans l’origine des « printemps arabes » en Tunisie.

Une explication au basculement dans le djihad

(1) Le saut épique ou le basculement dans le jihâd, par Fethi Benslama, Actes Sud, 190 p.

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