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Un million de cas de coronavirus en Afrique: une évolution moins grave que prévu ?

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

L’Afrique a franchi le cap du million de cas de Covid-19. Pays les plus touchés, doutes sur une sous-estimation des chiffres, testing: on fait le point sur la pandémie sur le continent.

Les chiffres rassemblés par l’Université Johns Hopkins aux Etats-Unis montrent que plus d’un million de cas ont été enregistrés en Afrique. Dans l’ensemble du continent, plus de 21 000 personnes sont mortes du Covid-19 et près de 674 000 personnes se sont rétablies, selon les chiffres disponibles.

Le premier cas de coronavirus en Afrique a été confirmé en Égypte en février – trois semaines après l’Europe, et deux mois après le début de l’épidémie en Chine en décembre.

Afrique du Sud

Les deux pays qui enregistrent le plus grand nombre de cas sont l’Afrique du Sud et l’Égypte. Ils représentaient 75 % de tous les nouveaux cas signalés à la mi-juillet. L’Afrique du Sud est le pays qui enregistre le plus grand nombre de cas et de décès, et représente plus de la moitié de tous les cas en Afrique.

Le Centre de contrôle des maladies surveille aussi de près le Nigeria, le Ghana, le Kenya, l’Ethiopie, le Soudan, la Zambie et le Zimbabwe, confirme le Dr Nkengasong à la BBC.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a noté que plusieurs pays africains avaient enregistré ces derniers jours une baisse d’environ 20% de cas quotidiens. »Nous devons observer encore un peu avant de pouvoir dire avec certitude que c’est une tendance » qui va durer. Les cas augmentent encore dans une dizaine de pays, mais cette hausse « n’est pas exponentielle », selon l’OMS qui souligne néanmoins que le bas niveau du nombre de tests et le manque de matériel pour les faire reste « un défi constant ».

L’évolution de la pandémie en Afrique est beaucoup moins grave que prévu, a déclaré cette semaine Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. L’OMS avait averti en mai que le virus pourrait, dans les six mois à venir, causer dix millions d’infections sur le sol africain.

Mesures

Les nations africaines ont été louées pour leur fermeture plus rapide que d’autres parties du monde. Mais l’insuffisance des tests suscite des inquiétudes, de même que le manque de tracing.

Le Dr Nkengasong voit également un autre risque : la « fatigue des communautés » où les gens se lassent des messages de prévention. « Nous savons que le port constant de masques aidera à remédier à cette situation. »

Un vaccin contre le coronavirus développé par l’université d’Oxford et testé en Afrique du Sud, au Royaume-Uni et au Brésil, semble être sûr et déclenche une réponse immunitaire. Mais il est encore trop tôt pour savoir si cela suffit à offrir une protection et des essais de plus grande envergure sont en cours.

Des chiffres sous-estimés

Plus de 500.000 cas de Covid-19 ont déjà été confirmés rien qu’en Afrique du Sud. Le pays dispose de bonnes données et – par rapport à la plupart des pays africains – une énorme opération de test est en cours. Le manque de données en Tanzanie est une « préoccupation » pour l’UA. La Tanzanie, par exemple, n’a pas publié de chiffres depuis des semaines et au début du mois de juillet, son ministre de la santé a déclaré que le virus « se dirigeait vers une fin ».

Alors, est-il vraiment possible qu’il n’y ait qu’un demi-million de cas supplémentaires dans le reste du continent ? La réponse probable est : non. Selon les experts, le manque de tests complets dans toute l’Afrique signifie que la véritable étendue de la pandémie n’est pas connue.

Et dans les hôpitaux ?

Mais les médecins soulignent également que les hôpitaux de nombreux pays ne sont pas encore surchargés de cas suspects de Covid-19. Les explications possibles sont nombreuses : la peur de se rendre dans les cliniques, le lockdown précoce dans de nombreux pays et des populations plus éparses.

Et comme il y a encore beaucoup à apprendre sur le Covid-19, il est possible que certaines populations bénéficient d’une protection supplémentaire contre le virus, peut-être grâce à des systèmes immunitaires déjà renforcés par les batailles précédentes contre la malaria, le choléra et d’autres maladies.

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