Un juge américain fait passer une amende pour le Roundup de 80 à 25 millions de dollars

Le Vif

Un juge de San Francisco a décidé lundi de baisser l’amende que doit payer le géant de la chimie Bayer à un homme qui dit avoir contracté le cancer à cause de désherbant Roundup. Celle-ci est passé de 80 millions de dollars (71 millions d’euros) à 25 millions de dollars (22 millions d’euros). La somme était, selon lui, trop élevée malgré le comportement « répréhensible » du groupe.

En mars dernier, un jury avait octroyé cet important montant à Edwin Hardeman, un retraité californien qui avait attaqué le groupe après avoir été diagnostiqué d’un lymphome non-hodgkinien en 2015 et utilisé la substance controversée pendant plus de 25 ans sur sa propriété.

Pour le jury populaire, le désherbant vedette avait bien causé son cancer et Monsanto était coupable de n’avoir rien fait pour prévenir des dangers possibles de son produit au glyphosate. La majeure partie de la somme, 75 millions de dollars (66 millions d’euros), correspondait à des dommages « punitifs », c’est-à-dire une amende, mais, selon le juge, elle était trop élevée. La différence entre amende et dédommagement ne peut en effet pas être aussi grande selon la constitution américaine.

Si l’amende a été revue à la baisse, pour passer à 20 millions de dollars, l’indemnisation, destinés à compenser les dépenses de santé du plaignant, ses pertes économiques passées et à venir, ainsi que sa souffrance morale, reste, elle, la même avec 5 millions de dollars (4,4 millions d’euros). Le juge n’a pas accédé à la demande de Monsanto d’un nouveau procès. L’entreprise, rachetée par l’allemand Bayer, devra ainsi verser au total plus de 25 millions de dollars à Edwin Hardeman.

« En se fondant sur les preuves qui ont émergé lors du procès, Monsanto mérite d’être puni », a déclaré Vince Chhabria dans son jugement. « Les preuves soutiennent aisément la conclusion que Monsanto était plus préoccupé par la restriction des enquêtes de sécurité et la manipulation de l’opinion publique que par le fait de s’assurer que son produit était sûr », a-t-il ajouté. Mais « les dommages punitifs étaient approximativement 15 fois » plus élevés que les « dommages compensatoires », a argumenté le juge. « Le comportement de Monsanto, s’il est répréhensible, ne justifie pas un tel ratio », a-t-il conclu.

Les avocats de Monsanto ont qualifié ce jugement de « pas dans la bonne direction », mais ont répété que selon eux le Roundup ne pouvait pas être rendu responsable du cancer de M. Hardeman. Bayer a annoncé son intention de faire appel. La défense d’Edwin Hardeman a au contraire salué le fait que le juge rejette les arguments de Monsanto qui visaient à faire annuler le procès.

Monsanto fait face à des milliers d’autres procédures aux Etats-Unis. Lors d’un autre procès en mai, le groupe a été condamné par un jury d’Oakland, près de San Francisco, à verser 2 milliards de dollars à un couple de septuagénaires atteints d’un cancer.

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