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Trump: « En théorie, je pourrais parfaitement gérer mon entreprise et être président »

Rudi Rotthier
Rudi Rotthier Journaliste Knack.be

Dans son interview au New York Times, Donald Trump revient sur les possibles conflits d’intérêts qu’il pourrait y avoir entre son entreprise et la présidence des États-Unis. « La loi est de mon côté » assène-t-il. Une phrase qui surprend, car elle laisse entendre, selon certains commentateurs, que Trump pourrait penser qu’un président puisse être au-dessus des lois.

« J’ai la loi avec moi, car un président ne peut pas avoir un conflit d’intérêts » dit le futur président dans une longue interview donnée au New York Times. Il existe pourtant une loi anti-népotisme, adoptée en 1967 après que l’ex-président John F. Kennedy eut nommé son frère Bobby au ministère de la Justice, qui interdit en principe à tout membre de la famille ou belle-famille d’un président de détenir un emploi rémunéré dans une agence fédérale. Or le fait que la famille de Donald Trump était très active pendant la campagne et est aujourd’hui encore omniprésente alimente les craintes de conflit d’intérêts autour du prochain président américain.

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Trump indique dans cette même interview qu’il placerait ces entreprises en « blind trust », une société de gestion confiée à ses enfants et dans laquelle il n’aura aucun droit de regard. Il précise que vendre ses entreprises aurait été extrêmement compliqué puisque celle-ci sont placées dans des holdings immobiliers. Il trouve d’ailleurs qu’on ne doit pas lui demander d’aller aussi loin. « En théorie je pourrais parfaitement continuer à gérer mes affaires à 100 % et être président ». Avant d’ajouter qu’il voulait bien faire « quelque chose » pour séparer son travail au gouvernement avec son entreprise. En attendant, il continue à signer les chèques, « mais cela devrait s’amenuiser dans les prochaines semaines lorsqu’il passera progressivement la main à ses enfants ».

Une solution qui selon de nombreux spécialistes est pourtant loin de prévenir tout conflit d’intérêts. Trump a pour sa part déclaré qu’il continuerait à recevoir des relations d’affaires à la Maison-Blanche pour faire des photos. Il trouve que cette critique de mélange des genres est infondée et il est contre l’idée de mettre plus de distance, au moins au niveau business, avec ses enfants. « Si cela dépendait de certaines personnes, je ne pourrais plus voir du tout ma fille Ivanka. »

Au travers de cet entretien, il confirme aussi qu’il aimerait que son gendre Jared Kushner, le mari de sa fille Ivanka, joue un rôle dans sa présidence. Par exemple en l’envoyant comme envoyé spécial au Moyen-Orient. Donald Trump affirme qu’il aimerait « être celui qui fera la paix entre Israël et les Palestiniens ». « Ce serait une superbe réussite », a ajouté M. Trump. Le milliardaire républicain a ajouté que Kushner pourrait jouer un rôle dans d’éventuels pourparlers de paix.

Comparaison avec Nixon

Dans le Washington Post, Chris Cillizza met en parallèle les déclarations de Trump et celles, en son temps, de Nixon. Celui-ci avait déclaré que « si le président le fait, ce n’est pas illégal ».

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Nixon a prononcé cette phrase-choc alors qu’il était poussé à la démission suite à l’affaire du Watergate. « Peu importe où Trump a été chercher cette idée, c’est une dangereuse idée pour n’importe quel président : que lui (ou quelqu’un d’autre) soit effectivement au-dessus des lois. « 

Lors de son entretien au Times, Trump a aussi signifié qu’il avait changé sa position sur certains points. Par exemple, il ne souhaite plus poursuivre juridiquement Hillary Clinton pour l’affaire des mails. Il ne pense plus non plus que le réchauffement climatique est un complot chinois. Pas plus qu’il n’est aujourd’hui convaincu que la torture soit la meilleure façon d’obtenir des informations. Trump avait promis de rétablir l’usage de la torture pendant des interrogatoires lors de sa campagne électorale. Le milliardaire explique avoir changé d’avis à propos de la torture, y compris la simulation de noyade, après avoir parlé avec le général à la retraite James Mattis, qu’il envisage d’ailleurs « très sérieusement » de nommer à la tête du Pentagone. « Ce dernier m’a dit qu’il n’avait jamais trouvé ça utile: donnez-moi un paquet de cigarettes et deux bières, et je ferai mieux que ça ».

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