Tangier, la submersible (En images)
La menace, c’est la montée des eaux. L’océan s’empare chaque année d’un peu plus de terres. Depuis les premiers relevés cartographiques, vers 1850, l’île de Tangier (trois kilomètres carrés), appartenant à l’Etat de Virginie, a perdu les deux tiers de sa superficie. Un rapport alarmant publié en 2015 dans la revue Natureprévenait déjà : » Chaque année, l’océan gagne près de quatre mètres sur le rivage et les zones marécageuses s’élargissent. Ces deux phénomènes sont accélérés par la montée des eaux et le réchauffement climatique. » Climatosceptique convaincu, le maire de l’île, James Eskridge, balaie ces conclusions d’un revers de la main. Les habitants, eux, préfèrent s’en remettre à Dieu ou à… Donald Trump. Le président américain, qui a retiré les Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat, a recueilli sur l’île 87 % des voix aux dernières élections présidentielles. Chacun espère dès lors que soit tenue la promesse de construction d’une nouvelle digue. Histoire de continuer à y croire. Encore un peu.
Vue aérienne de Tangier. Plusieurs fois par mois, la mer s’engouffre à marée haute et recouvre l’île d’un mètre d’eau.
Un vestige de la campagne présidentielle de 2016. L’actuel président des Etats-Unis a recueilli 87 % des voix sur l’île.
Pas toujours facile de circuler à Tangier. Jay, 32 ans, pousse son scooter qui ne démarre plus, dans une rue inondée. Il vient d’arriver sur l’île et gagne sa vie comme matelot sur un » crabier « .
A la faveur des marées, les rues de Tangier se transforment en terrain de jeu pour les enfants.
Une coupure de presse datant de l’investiture de Donald Trump trône sur un mur de la maison du maire. James Eskridge est un fervent partisan de Donald Trump.
Malgré les rapports alarmistes des climatologues, les habitants remettent volontiers l’avenir de leur île dans les mains de Dieu.
Un couple et leur petit garçon s’octroient une pause déjeuner chez Lorraine’s, le seul restaurant de l’île encore ouvert.
Ray Cooper, 75 ans, pêcheur à la retraite vit dans une caravane car sa retraite ne lui permet pas de louer une vrai maison. Plusieurs fois par semaine, il doit retourner pêcher le crabe poru arrondir ses fins de mois.
Le crabe bleu est pêché depuis toujours à Tangier. Sa chair tendre est très recherchée par les gastronomes sur toute la côte est des Etats-Unis.
James Eskridge, dit Ooker est maire de Tangier depuis 2012. Pêcheur de crabe depuis plusieurs générations, il mène chaque matin son bateau dans les eaux de la baie de Chesapeake. En septembre 2017, Trump lui a assuré par téléphone que l’île existerait toujours dans des miliers d’années.
Des crucifix jalonnent les marécages de l’île avec des messages évocateurs : » Christ is Life « . La religion est omniprésente à Tangier qui compte deux églises.
Très actifs sur l’île, les évangélistes témoignent d’un soutien indéfectible à Israël, dont le drapeau flotte à côté de celui des Etats-Unis, non loin de la maison du maire.
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