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Syrie: Annan et Assad conviennent d’une nouvelle « approche », les combats font 33 morts

L’émissaire international Kofi Annan a annoncé lundi avoir convenu avec le président syrien Bachar al-Assad d’une « approche » qu’il soumettra aux rebelles pour tenter de mettre fin aux violences qui font encore rage en Syrie.

M. Annan, qui avait reconnu samedi l’échec de son plan de sortie de crise, n’a pas détaillé le contenu de l’accord, tout en précisant qu’il serait soumis aux rebelles engagés dans de violents combats avec l’armée à travers le pays.

Avant même la rencontre entre MM. Annan et Assad, l’opposition syrienne a critiqué la visite de l’émissaire international à Damas, estimant que l’échec de sa mission appelait une action internationale urgente et des mesures contraignantes de l’ONU pour faire cesser la répression. Le président russe Vladimir Poutine a au contraire répété qu’il prônait une « solution politique pacifique » en Syrie, rejetant « toute ingérence par la force de l’extérieur ».

Arrivé dimanche à Damas pour sa troisième visite depuis sa prise de fonctions, M. Annan a affirmé avoir tenu des « discussions très franches et constructives » avec le président syrien, dont le régime tente d’écraser depuis près de 16 mois une contestation qui s’est militarisée au fil des mois.

Répression et combats ont fait plus de 17.000 morts dans le pays, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui s’appuie sur un réseau de militants et de témoins. « Nous avons discuté de la nécessité de la fin des violences et des moyens d’y parvenir. Nous nous sommes mis d’accord sur une approche que je vais partager avec l’opposition armée », a déclaré M. Annan à la presse, sans plus de détails.

Selon l’agence officielle syrienne Sana, MM. Annan et Assad ont discuté des « mécanismes » nécessaires pour « faire baisser le niveau de violences en Syrie, jusqu’au rétablissement total de la sécurité » et de la nécessité de mener « un dialogue entre les Syriens et dirigé par les Syriens ».

Un processus de transition approuvé par le Groupe d’action sur la Syrie le 30 juin à Genève prévoit la formation d’un gouvernement de transition réunissant des représentants du pouvoir et de l’opposition, sans mentionner le départ d’Assad réclamé en préalable par l’opposition.

Le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdissi, a également qualifié la réunion entre les deux hommes de « constructive », affirmant que la conférence de Genève avait été perçue par MM. Annan et Assad « comme un pas important en vue de faire avancer le processus politique » et avait « créé un environnement de dialogue ».

M. Annan s’est ensuite rendu en Iran, allié de Damas, « pour voir comment nous pouvons travailler ensemble pour aider à régler la situation en Syrie » a-t-il déclaré à son arrivée lundi soir à Téhéran. L’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe a plusieurs fois plaidé pour que Téhéran, qui « a de l’influence » en Syrie, soit associé à la recherche d’un règlement, en dépit de l’opposition des Européens et Américains. Il doit notamment rencontrer le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi.

Le plan Annan prévoit un cessez-le-feu, le retour de l’armée dans les casernes, la fin des détentions arbitraires, la liberté de circulation pour les journalistes et l’aide humanitaire, le respect du droit de manifester pacifiquement, et l’ouverture un dialogue politique.

Officiellement accepté par le régime et par l’opposition il y a trois mois, il est jusqu’à présent resté lettre morte. Les violences sur le terrain se sont paradoxalement intensifiées depuis l’entrée en vigueur officielle du cessez-le-feu le 12 avril, avec près de 6.000 morts pour cette seule période, selon l’OSDH.

Lundi, les violences ont fait au moins 33 personnes morts, dont 18 civils, en particulier dans bombardement dans la province d’Idleb (nord-ouest). Abdel Basset Sayda, le chef du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l’opposition syrienne à l’étranger, a appelé la Russie à cesser de livrer des armes au régime de Damas si elle voulait « maintenir de bonnes relations avec le peuple syrien ».

Attendu mercredi à Moscou, M. Sayda a indiqué qu’il évoquerait ce sujet avec les autorités russes. Moscou a reçu lundi l’un des principaux opposants syrien, Michel Kilo, qui a pressé la Russie de contribuer à « la stabilisation de la situation » dans son pays.

Avec Belga.

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